Lettre Hebdo 890 /// 22-06-2021

EDITO : OBJECTIF 70

Une des pistes de revalorisation de la prochaine négociation conventionnelle est donc la revalorisation de la visite à domicile.
Rappelons que les médecins s’étaient engagés dans les années 2000 à fortement réduire cette spécificité française qui à l’époque était une pratique courante, et pas toujours justifiée, dans un deal de revalorisation si le contrat était atteint.
Les médecins ont tenu leur engagement très largement, redonnant à cet acte noble sa vocation première, celle du suivi des patients âgés ne pouvant pas se déplacer afin de permettre le maintien à domicile. La CNAM, en revanche, a maintenu la MD ou majoration de déplacement à 10 euros. MD ou MDR comme disent nos enfants si on préfère en rire vu le tarif …
Toute visite est chronophage ; à défaut de gagner de l’argent dessus les médecins n’ont pas à en perdre. 70 euros est un minimum pour tout patient âgé ou en ALD nécessitant une visite.
Que la CNAM arrête de ne pas faire confiance aux médecins. Elle provisionne des montants financiers pour certains actes mais impose de telles restrictions qu’elles sont constamment sous utilisées (c’est le cas de la VL, des cotations MSH, MIC, MU…).
Pour Les Généralistes-CSMF, toute visite à domicile d’un patient âgé ou en ALD pour suivi vaut 70 euros. Pas moins. Et sans restriction. Pourquoi se limiter aux plus de 80 ans ?
Un patient en soins palliatifs ne nécessite-t-il pas également du temps ?La CNAM veut que les patients complexes aient des médecins traitants ? Nous aussi !
Commençons par rémunérer les médecins à leur juste valeur et le reste suivra.

Dr Mickaël RIAHI, Vice-Président Les Généralistes-CSMF

SAS fera sans nous !

Les visios avec le Ministère sont devenues surréalistes.
A les entendre, une dizaine de SAS (Services d’Accès aux Soins) sont déjà opérationnels ou en passe de l’être.
On nous présente des courbes, des tableaux, des indicateurs, à qui répond dans les 30 secondes, à qui remplira un créneau sur un agenda en ligne sans que le médecin ait donné son accord !
Des SAS, avec un SAMU, des régulateurs dans les locaux du 15, mais SANS effecteurs sur le terrain car sans rémunération prévue !! Cherchez l’erreur !!Deux visions s’opposent :
Des régulateurs à la botte des centres hospitaliers, 7 jours sur 7, 24h sur 24, des entreprises privées qui ouvrent des cabinets spécialisés dans le soin non programmé et dont le seul objet est l’appât financier avec, en corollaire, les cabines de téléconsultations dans les pharmacies et les supermarchés.
Le fantasme des tutelles dans toute sa splendeur : soigner la population sans médecin traitant.Et en face, des médecins généralistes qui s’organisent dans quelques projets pilotes* pour une réponse en journée**centrée sur le médecin traitant avec, si absence de celui-ci, un numéro dédié (116/117), une régulation possible délocalisée au cabinet ou au domicile, et surtout la connaissance du territoire et du suivi des patients chroniques, en plus des demandes aiguës.Aucune ARS régionale n’a eu le courage, à cette heure, de financer ces projets de généralistes de terrain et d’encourager les expérimentations vertueuses, alors que la CNAM refuse, elle aussi, de rémunérer ces actes (c’est entre autre pour cela que la CSMF a été la première à refuser de signer l’avenant 9 en novembre dernier).Les Généralistes-CSMF disent NON à cette mascarade et invitent tous les médecins à refuser d’entrer dans ce jeu de dupe.Car, au final, qui a toujours fait les Soins Non Programmés (SNP) sans le savoir, tel Monsieur Jourdain et sa prose ? Le médecin généraliste.Un SAS sans respect des effecteurs, ça sera sans nous !Dr Sylvaine LE LIBOUX, Secrétaire Générale Les Généralistes-CSMF

*22 projets pilotes en France.
** Les WE et les nuits sont déjà depuis longtemps gérés par la PDSA dont la gouvernance et l’organisation doit rester indépendante.

Le ras-le-bol d’un confrère syndiqué

Chers collègues, vous avez dû recevoir comme moi ce mail de la CPAM (cf. ci-dessous). Après les IPA, les pharmaciens prescripteurs, renouveleurs et modificateurs de nos prescriptions, les kinésithérapeutes vaccinateurs… pourquoi pas effectivement laisser les sages-femmes (qui suivent déjà les nourrissons) gérer le parcours de soin et adresser leurs patients directement aux spécialistes ?

Je me pose quand même quelques questions :
• A quoi ça sert un médecin généraliste ?
• Qui décide au niveau national de détricoter nos prérogatives jours après jours : M. Macron ? M. Véran ? un chef de cabinet ? un député ?
• A quoi servent nos années d’études, nos modules, nos TP, nos cliniques… ?
• Qui estime que la profession d’un médecin peut être exercée par d’autres personnes qui n’ont pas eu la même vision globale de la santé de nos patients que nous, qui n’ont jamais fait de garde de nuit dans une policlinique ou un service de garde hospitalier, qui n’ont jamais suivi les visites et contre-visites de nos maîtres, au lit des patients ?
• Quelle est l’étape suivante : le médecin conseil référencé comme « médecin traitant » ? Le pharmacien habilité à faire des arrêts de travail ? L’aide-soignant coordinateur du parcours de soins… ?

Je précise que ce mot d’humeur n’a aucunement pour but de froisser les membres des autres professions de santé qui font tous un travail magnifique mais, ces mêmes médecins qu’on a encensés pendant la crise du covid, j’ai l’impression qu’on leur marche un peu dessus, pas vous ?
Et quelles sont les réactions de nos Syndicats représentatifs, nos URPS, nos Ordres départementaux, nos Professeurs de médecine générale… à part des articles de presse ? Beaucoup de questions et peu de réponses.
Et ils osent appeler ça « une loi visant à améliorer le système de santé par la confiance et la simplification ».
Donc en plus, j’ai l’impression qu’ils nous prennent pour des imbéciles… j’ai honte.
Si ça continue, je ne vais plus trop tarder à arrêter mon activité libérale pour me consacrer à mon 2° métier : la régulation médicale.

Là au moins je suis à l’abri, non ? Comment, qu’est-ce que vous dites, des pompiers régulateurs pourraient prendre ma place ? Et m….e ! 😥

Serge Maurière – CSMF 57 Médecin généraliste à Ars-sur-Moselle et médecin régulateur au SAS de Moselle.

Madame, Monsieur, La loi visant à améliorer le système de santé par la confiance et la simplification a été publiée au Journal Officiel du 27 avril 2021. Cette loi prévoit, depuis le 28 avril 2021, la possibilité pour les sages-femmes d’adresser leurs patientes à un médecin, notamment spécialiste, sans que ces dernières ne soient pénalisées (il ne sera pas appliqué à ces assurées de majoration pour non-respect du parcours de soins). Dans l’attente de l’évolution des logiciels métier des médecins visant à intégrer ce nouveau parcours et compte tenu que ces dispositions sont d’ores et déjà applicables, les médecins recevant une patiente orientée par une sage-femme sont invités à cocher la case « urgence » sur la feuille de soins ou renseigner IPS à U dans la feuille de soins électronique (FSE) afin que les patientes ne soient pas pénalisées (dans ce cas, il ne sera pas appliqué de majoration). L’indication des nom et prénom de la sage-femme ayant orienté la patiente est alors facultative.
Cordialement, Votre correspondant de l’Assurance Maladie.
 

Du vécu, en direct des régions

Dans une ville de la métropole Lilloise sans aucune tension démographique, une cabine Medadom est implantée dans une pharmacie.

Le pharmacien aurait dit à une patiente : « pour le prochain renouvellement de votre traitement pas besoin d’aller chez votre médecin… », en remettant une pub sur l’appareil installé. Publicité que la patiente est venue jeter dans la poubelle de mon cabinet pour montrer son désaccord.

Elle a décidé de changer de pharmacie. Les patients ne sont pas idiots.

INFOS PRATIQUES :

Indemnités journalières : pour les médecins, le délai de carence passe à 3 jours (au lieu de 90 jours)
Pensez à adapter vos assurances complémentaires pour éviter les doublons !
Lire le mode d’emploi réalisé par la CSMF

Mesures dérogatoires : Ce qui est prolongé :
• Suppression du délai de carence des personnes faisant l’objet d’une prise en charge dérogatoire de leur arrêt de travail : 30 septembre 2021 (art 2 décret 8 janv 2021) ;
• Dérogation aux règles relatives au parcours de soins pour les téléconsultations, et au champ de la prise en charge et de la limitation du nombre de téléexpertise annuel : 30 septembre 2021 (art 4 décret 8 janv 2021) ;
• Actes de télésoins par les infirmiers pour le télésuivi des patients covid : 30 septembre 2021 (art 5 décret 8 janv 2021) ;
• Suppression de la participation de l’assuré pour actes et prestations dans les centres covid, tests, consultation initiale d’information du patient et de mise en place d’une stratégie thérapeutique réalisé suite à un dépistage positif, consultation réalisée par le médecin permettant de recenser et de contacter les personnes ayant été en contact avec un malade en dehors des personnes vivant à son domicile, consultation pré vaccinale : 30 septembre 2021 (art 7, 9, 10 décret 8 janv 2021) ;
• Prise en charge intégrale des frais de transports vers les centres de vaccination jusqu’au 1er septembre 2021 inclus (art 10 décret 8 janv 2021).

Ce qui est supprimé depuis le 1er juin 2021 :
• Téléconsultation par téléphone (art 8 décret 8 janv 2021)
• La consultation de prévention covid
• La MU en EHPAD
Lire le CSMF Actu

Vaccins ANTI-COVID
Modification provisoire et exceptionnelle de l’espacement entre la 1ère et la 2ème dose en vaccins à ARNm (Pfizer et Moderna), administration d’une troisième dose de vaccin pour les personnes atteintes de certains cancers, évolution de la doctrine concernant la vaccination des personnes ayant déjà été infectées au SARS-CoV-2, précision concernant la vaccination des adolescents. Lire le DGS URGENT 61

Prescription de Prégabaline
Depuis le 24 mai 2021, la prescription et la délivrance des spécialités à base de prégabaline (LYRICA et génériques), quels que soient le dosage et la forme pharmaceutique (gélule ou solution buvable), seront soumises en partie à la réglementation des stupéfiants et à une durée de prescription limitée :
• prescription sur ordonnance sécurisée,
• prescription limitée à 6 mois de traitement. La poursuite du traitement nécessitera une nouvelle prescription.

Salaires dans les cabinets médicaux : augmentation de 2,2% au 1er juin
Les organisations d’employeurs de la branche des cabinets médicaux (CSMF, MG France, SML et FMF) et de salariés (CGT, CFDT, CFTC, CGT et FO) viennent de s’accorder sur une augmentation de 2,2% de tous les positionnements de la grille des salaires des salariés des cabinets médicaux, au 1er juin 2021. Cette augmentation tient compte de la revalorisation du SMIC ces deux dernières années. Lire la Convention collective nationale du personnel des cabinets médicaux

FORMATION : Prise en charge de la lombalgie commune de l’adulte

★ NOUVEAU !
L’ACFM vous propose une nouvelle formation prise en charge par le FAF PM en classe virtuelle Zoom et ouverte à toutes les spécialités le jeudi 1er juillet à 20h00.
Elle sera animée par le Dr Philippe Pencalet, neurochirurgien à Paris et spécialisé en hypnose. Il abordera les recommandations et comment éviter la chronicisation des patients lombalgiques.
Inscription par mail : vanessa.savard et joindre votre attestation URSSAF
 

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