MAIL Les Généralistes CSMF /// Mercredi 26 mai 2021

LA CONFIANCE DOIT ÊTRE AU RENDEZ-VOUS…

Tous les médecins ont reçu la semaine dernière un mail de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) leur demandant, au plus tard le 1er juin, de reprendre à nouveau l’envoi des feuilles de soins papier (Cerfa) accompagnant les flux B2 dégradés aux organismes de rattachement.

Chacun se souvient que la décision de suspendre cette obligation avait été prise par la CNAM afin de diminuer le travail administratif des médecins généralistes, déjà très sollicités au cours de cette crise sanitaire. Lors des visioconférences hebdomadaires que le directeur de la CNAM tient avec les présidents des syndicats représentatifs de médecins libéraux, celui-ci, remercié par ces derniers pour cette mesure, avait annoncé que cela permettrait non seulement aux médecins généralistes de gagner du temps médical mais qu’il en serait de même pour le personnel des CPAM car le contrôle de ces feuilles de soins papier est très chronophage pour l’Assurance maladie.

Alors pourquoi cette décision qui provoque la colère des médecins généralistes à l’heure où on leur demande non seulement de continuer à répondre aux demandes de soins des Français mais aussi de vacciner dans leurs cabinets et d’assurer des permanences dans les centres de vaccination, et ceci pendant tout l’été ?

Aucune raison ne nous a été donnée pour justifier une telle décision, qui est un non-sens aussi bien en termes de gestion de ressources humaines mal utilisées à des tâches administratives chronophages que sur le plan écologique pour nous obliger à utiliser des feuilles de soins papier à l’heure de la dématérialisation.

Cette simplification aurait-elle entraîné des abus ? Non ou alors de façon totalement marginale.

La seule explication ne peut être que l’absence de confiance de l’Assurance maladie vis-à-vis des médecins libéraux, qui sont considérés dans leur ensemble comme pouvant être des professionnels aux activités déviantes, toujours à la recherche d’effets d’aubaine.

Cette suspicion pollue toutes, ou presque, les négociations conventionnelles menées depuis des années entre la CNAM et les syndicats représentatifs de médecins libéraux.

Cette méfiance explique pourquoi la CNAM refuse de prendre en compte la complexité de plus en plus grande de notre exercice et de la rémunérer à sa juste valeur : consultations longues et complexes, visites à domicile, soins non programmés…

Pourtant, les syndicats de médecins libéraux savent se montrer responsables et mettre là où cela est nécessaire les « garde-fous » pour éviter que quelques individus mettent au pilori l’ensemble d’une profession.

Cela a été le cas en 2002 lors de l’importante revalorisation de la visite à domicile et plus récemment avec l’arrêt de la cotation à l’acte dans les vaccinodromes qui pouvaient amener quelques rares médecins à déclarer plusieurs centaines d’actes par jour.

En revanche, face à cette posture de la CNAM, les médecins généralistes s’adaptent, et l’accès aux soins en pâtit. Ainsi, certains médecins sont réticents à prendre en charge de nouveaux patients polypathologiques qui nécessitent systématiquement des consultations longues, parfois uniquement au domicile du patient. D’autres modifient leurs organisations professionnelles et ne prennent plus en charge que les soins non programmés et refusent d’être médecin traitant pour s’affranchir de la charge de travail liée à cette mission.

Est-ce vraiment l’évolution de notre système de santé souhaitée par la population à l’heure où se conjuguent les effets négatifs de l’augmentation et du vieillissement de la population associés à une diminution du nombre de médecins généralistes ?

À l’inverse, la majoration accordée pour les visites en EHPAD dans le cadre de cette crise sanitaire a été saluée par les médecins comme étant une reconnaissance de la complexité de la prise en charge de nos aînés dans ces établissements. Mais cette majoration doit s’arrêter le 31 mai 2021 !

À l’aube de nouvelles négociations conventionnelles, la CNAM doit changer d’attitude et arrêter le saupoudrage habituel de majorations de quelques actes qui rend notre nomenclature incompréhensible et donc inapplicable.

La CNAM doit dorénavant faire confiance aux médecins libéraux, qui veulent rendre notre système de santé ambulatoire plus efficace et plus efficient.

Dans l’attente de l’ouverture en 2022 de la négociation de la nouvelle convention médicale, Les Généralistes-CSMF demandent une revalorisation urgente des visites à domicile, des consultations longues et complexes, des actes de soins non programmés majorés de 15 € après régulation médicale et le maintien des avancées issues de la gestion de la crise sanitaire, dont la consultation téléphonique.

Ne pas répondre positivement à ces demandes serait une erreur politique majeure de ce gouvernement qui ne pourrait que contribuer à un risque de démobilisation des médecins généralistes qui sont aujourd’hui sur tous les fronts.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF

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