Dans quelques années, nous nous demanderons comment nous avons fait pour nous passer aussi longtemps des assistants médicaux dans nos cabinets.
Ils et elles vont devenir indispensables pour deux raisons essentielles :
D’abord parce que les modélisations de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) montrent que, compte tenu de l’augmentation et du vieillissement de la population, la densité médicale en France continuera à diminuer jusqu’en 2030, en particulier pour les médecins généralistes libéraux. Elle remontera ensuite progressivement et n’atteindra un niveau correct qu’en 2050.
En attendant, si nous voulons que toute la population soit prise en charge avec moins de médecins traitants, la seule solution est d’aider ces mêmes médecins à ne se concentrer que sur leur expertise médicale. La profession doit s’adapter et faire évoluer sa façon de travailler comme elle l’a toujours fait (informatisation, organisation de la PDSA, développement des CPTS et bientôt le Service d’Accès aux Soins).
Ensuite parce que les jeunes générations souhaitent ce travail en coordination, être les chefs d’équipes multidisciplinaires, comme la CSMF le montre dans le cabinet 2030. Un ou plusieurs médecins au centre d’une organisation où des secrétaires, des infirmières de pratique avancée, des assistants médicaux prennent en charge des patients dans toutes leurs complexités (aide au déshabillage, prise des constantes, tenue du dossier, prévention, éducation thérapeutique, mais aussi prises de rdv, gestion administrative…).
Cependant, le rôle fondamental de diagnostic et de prescription ne peut pas être remplacé et reste la prérogative du médecin.
Quels sont les freins à l’embauche des assistants médicaux malgré l’aide de l’Assurance Maladie depuis fin 2019 :
• Le local. Beaucoup de médecins généralistes exercent seuls et n’ont pas le local pour y installer l’assistant(e) médica(l)e. Les collectivités locales doivent réfléchir à ce problème immobilier avec les professionnels de santé (Beaucoup de MSP des années 2000 n’ont, elles non plus, pas anticiper cette évolution de l’exercice).
• La peur de ne pas atteindre les objectifs. Or, les études montrent que les médecins qui ont embauché des assistants ont facilement augmenté le nombre de patients pris en charge sans augmenter leur amplitude horaire de travail (c’est le but) mais essentiellement chez ceux qui ont un(e) assistant(e) à temps plein.
• Le manque d’ambition de la CNAM qui doit faire évoluer le dispositif avec un(e) assistant(e) médical(e) à temps plein pour chaque médecin qui le souhaite, des objectifs moins stricts et ne cumulant pas file active et patientèle médecin traitant, une formation de l’assistant(e) simplifiée pour pallier l’urgence de la situation actuelle et au nombre de patients sans médecin traitant.
• La gestion des ressources humaines que les organisations professionnelles libérales doivent mettre en place en particulier les URPS pour créer des groupes d’employeurs et simplifier la vie du médecin qui souhaite embaucher.
Avec Les Généralistes-CSMF, continuons à nous battre et à négocier pour améliorer ce dispositif afin que la majorité des médecins libéraux puissent en bénéficier et en particulier les médecins isolés aux grosses patientèles qui en ont le plus besoin.
Dr Sylvaine Le Liboux, Secrétaire Générale Les Généralistes-CSMF |