Si les signes respiratoires et la fièvre sont souvent au premier plan des infections par le Sars-CoV-2, ils sont loin d’être les seuls dans cette pathologie dont on découvre peu à peu la complexité. La détection de ces symptômes atypiques est fondamentale, en particulier dans la période actuelle de déconfinement, marquée par une intensification du protocole de détection des cas et de recherche des contacts. L’Académie nationale de médecine a donc souhaité faire le point, dans un communiqué, sur les différents tableaux qui peuvent être rencontrés, en insistant sur le fait que des tests de dépistage doivent être prescrits “au moindre doute devant tout tableau clinique fruste, atypique ou inhabituel pouvant faire penser à la Covid-19”.

 

L’Académie distingue quatre tableaux de présentation clinique atyique. Tout d’abord neurologique : l’agueusie et l’anosmie sont fréquentes. De façon plus exceptionnelle, on peut observer une ophtalmoplégie ou un syndrome de Guillain-Barré. Chez le sujet âgé, il faut être vigilant devant un syndrome confusionnel, des troubles mnésiques, voire des accidents vasculaires cérébraux ischémiques, qui sont liés à l’activité thrombogène du Sars-CoV-2. Des douleurs “constrictives, erratiques et durables” sont aussi observées, “probablement d’origine neurologique” précise l’Académie.

Il existe aussi des présentations cutanées, avec principalement des pseudo-engelures, parfois douloureuses, qui seraient plus fréquentes chez l’enfant et l’adulte jeune (évolution généralement favorable mais des récidives peuvent être observées). On peut voir aussi, mais plus rarement, une dyshidrose, des vésicules, une urticaire, un exanthème, des pétéchies et un livedo.

Le troisième tableau est constitué par les signes évocateurs d’une maladie de Kawasaki décrits chez l’enfant (9 à 17 ans) avec des signes digestifs initiaux, dont de fortes douleurs abdominales, puis un choc cardiogénique. Ces signes sont regroupés sous le nom de syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (Pims). Il existe là aussi des signes cutanés : érythème puis desquamation.

 

 

Enfin le quatrième tableau comprend les atteintes endocriniennes et métaboliques “probablement liées à la large distribution organique de l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2 (ACE2), récepteur du Sars-CoV-2 : testicule, ovaire, hypothalamus, hypophyse, thyroïde et Pancréas”, précisent les académiciens. S’y ajoutent une fatigue intense, et éventuellement un déficit de production de testostérone. Sur le plan biologique, l’hypokaliémie fréquemment rapportée pourrait aussi être due à la fixation du virus sur l’ACE2 et à la synthèse accrue d’aldostérone ; et une lymphopénie peut se voir dans certaines formes graves. Ont aussi été rapporté des cas de thyroïdite subaigüe une Hypocalcémie, une hyperglycémie.

L’Académie de médecine appelle donc à rechercher ces symptomatologies atypiques, à explorer des troubles cognitifs, et à évoquer un Pims en cas de douleurs abdominales intenses. Les tests diagnostiques seront réalisés systématiquement sur des signes évocateurs.

 

[Avec l’Académie nationale de médecine, 22 juin 2020]

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Marielle Ammouche

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