MAIL  Les Généralistes CSMF  ///  Mardi 26 mai 2020

« SÉGUR DE LA SANTÉ » OU « SÉGUR DE L’HÔPITAL » ?

Le gouvernement et le Ministre de la Santé, face aux déficiences majeures auxquelles la France a dû faire face depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19, ont décidé d’organiser un grand raout baptisé « Ségur de la santé » pour, une nouvelle fois, réformer notre système de santé défaillant.

La synthèse en sera faite en juillet et elle aura une traduction législative ainsi que dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2021 (PLFSS 2021).

Au menu, et dans le désordre, un retour d’expérience au sein des hôpitaux pour recenser ce qui a fonctionné, une revalorisation des salaires hospitaliers, une revalorisation des carrières hospitalières, revoir la gouvernance des hôpitaux, et au total un nouveau plan pour l’hôpital dès cet été.

Une nouvelle fois, tel l’arbre qui masque la forêt, notre système de santé se résumerait à l’hôpital !

Il ne s’agit pas de remettre en cause de nécessaires revalorisations salariales car, à l’hôpital comme en libéral, les professionnels de santé français sont parmi les moins bien rémunérés d’Europe.

Alors que notre système de santé est, depuis 60 ans et les Lois Debré, malade d’avoir fait de l’hôpital le pivot de son organisation, comment peut-on avoir en 2020 une vision aussi restreinte des réformes qui s’imposent pour répondre aux besoins de santé de la population ?

La crise sanitaire que nous traversons a montré la capacité qu’avaient les médecins généralistes à s’organiser avec les autres professionnels de santé pour mettre en place des organisations territoriales répondant aux besoins de la population. Ils sont montés au front, souvent sans protection et au péril de leur vie. Malgré des Agences Régionales de Santé qui refusaient de financer leurs organisations, ils ont rempli leur mission.

Les enjeux aujourd’hui sont de permettre à ces professionnels de santé de faire face au boom du grand âge avec un nombre croissant de patients âgés et polypathologiques où le quotidien est de permettre le maintien à domicile et d’éviter justement le recours à l’hôpital.

Alors que la France souffre d’un trop d’hôpital générant des dépenses de santé excessives, ce gouvernement, une fois de plus, va mettre autour de la table ceux qui, en dépit de toutes logiques sanitaire et économique, refusent depuis des dizaines d’années de hiérarchiser les recours d’accès aux soins et, par exemple, ne consentent pas aux médecins généralistes un numéro dédié, le 116 117, pour les soins non programmés afin de maintenir le fléchage d’un parcours passant par les Centres 15.

Le virage ambulatoire se limiterait donc une nouvelle fois à un vulgaire tête à queue ?

Pour éviter une vision aussi étriquée, il faut retirer le masque de l’hôpital sinon le « Ségur de la santé » ne sera que le « Ségur de l’hôpital ».

Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF

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