MAIL  Les Généralistes CSMF  ///  Mardi 5 février 2019

EDITORIAL : UN RAPPORT QUI DÉCOIFFE !

La semaine dernière a été remis à la Ministre de la Santé Agnès BUZYN le rapport de la Task Force « Réforme du financement du système de santé » dirigé par Jean-Marc AUBERT.

Si ce rapport ne finit pas au fond d’un tiroir, il aura un impact majeur sur l’organisation de notre système de santé puisqu’il a pour but de réformer les modes de financement et de régulation non seulement des établissements de soins mais aussi du système de santé ambulatoire libéral.

Plutôt que de se limiter à des prises de position sous forme de postures dogmatiques qui ne s’intéresseraient qu’aux solutions proposées, il me semble important d’analyser au préalable aussi bien le constat de la situation actuelle que les objectifs qui ont amené ces propositions.

Alors que la France est le pays, hormis les Etats-Unis, qui dépense le plus pour sa santé (en fonction de son PIB), elle a des indicateurs de santé qui se dégradent progressivement par rapport à d’autres pays. Ainsi, les années de vie gagnée ne sont pas nécessairement des années de vie en bonne santé.

Une des causes en serait un financement qui ne favorise pas la qualité, la prévention et la coordination dans le cadre, entre autres, de la prise en charge des pathologies chroniques. Des pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne, confrontés à la même problématique, ont ainsi fait évoluer le mode de financement de leur système de santé.

Ce rapport, après avoir rappelé le rôle de clé de voute joué par les médecins généralistes dans notre système de santé, se fixe parmi ses objectifs de faire un effort conséquent pour renforcer le soutien à la médecine générale dont la perte d’attractivité est un symptôme des dysfonctionnements de ce système.

Ce rapport propose donc une refonte des modes de tarification via des rémunérations plus attractives et sécurisantes pour le médecin généraliste en le recentrant sur la qualité des prises en charge.

Les Généralistes-CSMF partagent le constat et les objectifs figurant dans ce rapport qui placent le médecin généraliste comme chef d’orchestre du parcours de santé.

Depuis des années, nous n’avons de cesse de répéter que le niveau de rémunération des médecins généralistes est déconnecté du contenu de leurs consultations de plus en plus complexes liées au vieillissement de la population et aux pathologies chroniques. Est-il normal de rémunérer 35 € une visite à domicile, aujourd’hui réservée à nos patients âgés pour permettre leur maintien à domicile ? Non, cette visite doit être rémunérée 70 €.

Les objectifs de rémunérations plus attractives pour la médecine générale seront de nature à inverser les courbes qui voient le nombre de médecins généralistes libéraux diminuer chaque année alors que celui des médecins généralistes salariés ne cesse d’augmenter.

Reste le remède proposé par ce rapport qui, tout en conservant une proportion très majoritaire du paiement à l’acte, propose aux médecins généralistes un paiement forfaitaire pour des patients atteints de certaines pathologies chroniques et dont le montant serait majoré en fonction de la complexité de la prise en charge. Le forfait proposé ne remet pas en cause le caractère libéral de l’exercice puisque le montant total des forfaits sera bien entendu proportionnel au nombre de patients pris en charge par le médecin.

Disons-le très clairement, le paiement au forfait ne fait pas partie de l’ADN des Généralistes-CSMF même si ceux perçus dans le cadre du forfait médecin traitant ou de la permanence des soins sont une prise en compte du rôle du médecin généraliste dans notre système de santé.

Les Généralistes-CSMF continueront donc de se battre pour obtenir une juste rémunération des consultations complexes et des visites à domicile.

Pour autant, un principe de réalité s’impose aussi à nous depuis l’échec des négociations conventionnelles de 2016 qui ont juste permis un début de rattrapage du retard pris par les médecins généralistes depuis 30 ans, retard qui concerne aussi les autres spécialités cliniques.

De plus, les revenus des médecins généralistes Allemands, Néerlandais et Britanniques ont de quoi faire rêver les médecins généralistes libéraux français !

Laissons donc les médecins volontaires expérimenter cette évolution de leur rémunération avec les objectifs énoncés par ce rapport car la situation actuelle n’est plus supportable. Chaque médecin généraliste pourra ensuite faire librement son choix.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF

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Si les deux négociations qui viennent de s’ouvrir avec l’Assurance maladie visent à pallier les difficultés d’accès aux soins dans les territoires, elles doivent également permettre d’améliorer les conditions d’exercice des médecins généralistes libéraux et la qualité des prises en charge. Un objectif que le Dr Luc Duquesnel, Président Les Généralistes-CSMF, ne perd pas de vue, bien déterminé à ne pas charger la barque de ses confrères…

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