MAIL  Les Généralistes CSMF  ///  Mardi 19 décembre 2017

CONVENTIONNEMENT SÉLECTIF : POUR FACILITER L’ACCÈS AUX SOINS
OU POUR GARANTIR UNE RENTE ?

Une nouvelle fois, une multitude d’acteurs s’emparent de la problématique de l’accès aux soins pour condamner les aides incitatives existantes et pour prôner des mesures coercitives.
La Cour des comptes, le Conseil économique, social et environnemental (CESE), des parlementaires de tous bords et demain la Commission des Affaires Sociales de l’Assemblée Nationale porteuse d’une nouvelle proposition de loi visant à lutter contre la désertification médicale.
Aucun n’a pris la peine de se déplacer dans les territoires qui, depuis 10 ans, se sont appropriés les mesures incitatives existantes en y associant d’autres mesures issues d’initiatives locales. Ces territoires ont mis en place des organisations professionnelles qui attirent des jeunes médecins généralistes. Pas de Faculté de médecine dans ces départements, pas de vue sur la mer ou sur les montagnes, et pourtant des jeunes viennent exercer la médecine générale libérale ! Une gageure à l’heure où la profession subit une saignée historique avec 28 % de médecins généralistes libéraux en moins entre 2007 et 2025.

Tout d’abord, ce n’est pas sans un certain amusement que l’on note que ceux qui depuis 20 ans ont organisé cette saignée par des mesures qui ont fait de la médecine générale une spécialité médicale peu attractive, sont aujourd’hui les plus réactionnaires de par les mesures qu’ils proposent pour corriger leurs erreurs.

Comment ne pas féliciter notre Ministre de la Santé, Agnès Buzyn, pour sa persévérance dans les réponses qu’elle apporte aux pourfendeurs de la liberté d’installation ?

La dernière innovation de ces apparatchiks est la mise en place d’un conventionnement sélectif. Il s’agirait donc de refuser le conventionnement aux médecins qui s’installeraient dans les zones considérées comme sur-denses en médecins et dont les patients ne seraient alors plus remboursés de leurs dépenses de santé, créant ainsi un accès aux soins dépendant des ressources financières de chaque patient.

Alors qu’un nombre important de médecins diplômés n’exercent pas la médecine, est-il opportun d’augmenter leur nombre en les forçant à s’installer dans des « déserts médicaux » ?

Le conventionnement sélectif aboutirait donc à moins de médecins en exercice et à une explosion de médecins exerçant en secteur 3.

Etonnamment, certains médecins libéraux seraient favorables à ce conventionnement sélectif.

Qui sont-ils ? Des médecins qui exercent dans des zones sous dotées et qui espèrent chaque jour voir des confrères arriver pour les aider à répondre aux demandes de soins de la population ?

Non, ces médecins libéraux favorables au conventionnement sélectif exercent pour la plupart dans des zones bien dotées en médecins et ils voient au travers de cette mesure l’assurance de supprimer une certaine concurrence et de pouvoir revendre à des tarifs prohibitifs leurs patientèles puisque la seule façon de s’installer dans des zones dites sur-denses tout en étant conventionnés sera de leur succéder. Seuls les jeunes médecins issus de milieux aisés pourront envisager ces rachats de clientèle.

Décidément, le père Ubu peut dormir tranquille car sa descendance est assurée avec ces parlementaires qui préparent cette proposition visant à lutter contre la désertification en instaurant le conventionnement sélectif.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président Les Généralistes CSMF

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