La semaine dernière, l’Académie de médecine rendait hommage à la physicienne, titulaire de deux prix Nobel et première femme à avoir rejoint ses rangs en 1922. Un hommage terni par les propos d’un académicien, rapportés par Le Monde.

 

“Madame, le radium et ses congénères ont des applications thérapeutiques et votre nom est attaché à cette façon de soigner les malades, aussi votre place était-elle marquée dans notre Compagnie.” C’est par ces mots qu’Auguste Behal, président de l’Académie de médecine, accueillait Marie Curie, élue à une large majorité, en 1922, en qualité de membre libre.

 

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Combler un vide

Pour le 150e anniversaire de sa naissance, l’Académie de médecine a rendu hommage à la physicienne, double Prix Nobel, et première femme élue au sein de l’institution. L’occasion, aussi, de combler un vide : jusqu’à la semaine dernière, rien ne signalait la présence de Marie Curie rue Bonaparte. Une médaille gravée à son effigie est désormais accrochée à l’entrée de la salle des séances de l’Académie.

Mais Marie Curie n’inspire pas le même respect à tous. Selon Le Monde, un académicien aurait accueilli la proposition d’hommage à la physicienne par une remarque qui en dit long sur la misogynie qui règne encore au sein de l’institution : “Encore cette gonzesse !”

 

“Plus qu’un plafond de verre, c’est un ciel de plomb”

Si Marie Curie a ouvert la porte aux femmes, “elle est restée entrebâillée”, a reconnu le Pr Claude Huriet en clôture de la séance d’hommage à la physicienne, le 21 novembre. Après son décès en 1934, il faut attendre 1946 pour revoir une femme siéger à l’Académie : Lucie Randouin, première enseignante de la fac de médecine de Paris. Puis 1969 : Thérèse Bertrand-Fontaine, première femme médecin des Hôpitaux de Paris en 1930.

Aujourd’hui, l’Académie ne compte que 6% de femmes (8 sur 135), contre 11% à l’Académie des sciences et 23% à l’Académie de pharmacie. Alors que la parité est de mise au sein de ces deux académies, aucune femme ne siège au bureau de l’Académie de médecine. “Plus qu’un plafond de verre, c’est un ciel de plomb”, remarque Natalie Pigeard-Micault, spécialiste de l’histoire des femmes en médecine et responsable au Musée Curie.

“Il faut que ça change”, juge le président de l’académie, le Pr Claude Jaffiol. Pour cela, il faut “susciter des candidatures féminines, qui ne sont pas assez nombreuses”.

 

[Avec Lemonde.fr]

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : A. M.

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