Face aux élus des unions régionales des professions de santé médecins, réunis à La Baule ce week-end, Agnès Buzyn a développé les grands axes de sa stratégie nationale de santé et donné les dates des grands rendez-vous. Elle a tendu, avec empathie, la main aux médecins libéraux, pour qu’ils s’investissent et participent, avec leur créativité, à la modernisation du système de santé.
Alors que la ministre de la Santé venait de présenter, en conseil des ministres, les grands axes de sa politique de santé, c’est à La Baule, trois jours plus tard, devant 200 congressistes libéraux, qu’elle en a détaillé les contours. “J’appelle chacun d’entre vous à devenir ambassadeur de la politique de prévention”, a-t-elle déclaré en rappelant les 7 objectifs retenus par le ministère : promouvoir la santé mentale, prévenir les maladies infectieuses, améliorer la prévention de la perte d’autonomie, lutter contre les conduites addictives, améliorer le dépistage, promouvoir un environnement et des conditions de travail favorables à la santé et enfin, promouvoir une alimentation saine et de l’activité physique.
Dans ces domaines, le rôle des médecins libéraux sera “majeur et nous le reconnaîtrons à sa juste valeur dans le cadre conventionnel, au travers de la ROSP”, s’est-elle engagée. Mais “la priorité ne doit plus être la revalorisation de l’acte. Il faut faire évoluer la rémunération en y introduisant des notions de qualité et de pertinence des soins”, des objectifs qui s’adressent à l’ensemble des professionnels de santé. La veille, Nicolas Revel, le patron de la CNAM, avait tenu exactement le même discours.
Le deuxième axe de la stratégie nationale de santé porte sur la lutte contre les inégalités sociales et territoriales d’accès, ce qui revient à “passer d’un système en silo à un système mieux organisé au niveau du territoire, centré sur le patient”. Pour Agnès Buzyn, “la logique de parcours coordonnés, l’exercice en équipe, le renforcement des liens entre les différents acteurs des prises en charge est nécessaire. Cette transversalité est enclenchée mais elle doit s’amplifier”.
Les acteurs doivent avoir un objectif commun : favoriser le maintien à domicile du patient, simplifier son parcours coordonné. A cet égard, “des innovations en matière de financement seront proposées dans le cadre de la loi de Financement du système de santé”. Elles seront également facilitées par les innovations technologiques. “Mais cela repose en premier lieu sur un renforcement, une modernisation des soins primaires et de proximité” en articulation avec les spécialistes de second recours, a-t-elle souligné.
Troisième axe : l’innovation. “Les évolutions portées par la stratégie nationale de santé doivent s’appuyer sur une gouvernance renouvelée des politiques de santé, à la fois plus transversale, plus souple et plus proche des usagers, c’est-à-dire les bénéficiaires du système de santé comme les familles et les aidants”.
La ministre a par ailleurs pris plusieurs engagements : doublement des structures d’exercice coordonné d’ici la fin du quinquennat, développement des stages en ambulatoire, développement des pratiques avancées chez les paramédicaux au sein des équipes de soins, développement de la télémédecine. Elle attend les conclusions de la mission IGAS sur le tiers payant, qui doit devenir “généralisable”. “Les évolutions nécessaires n’interviendront probablement pas avant la fin de l’année. Nous en tirerons donc les conséquences”, a-t-elle précisé.
Exhortant les professionnels de santé, libéraux et hospitaliers, à coopérer, Agnès Buzyn a déclaré vouloir s’appuyer “sur la capacité à entreprendre et créer” des libéraux. “La planification descendante par l’Etat n’est pas adaptée. Ce sont vos initatives, facilitées et soutenues par vos URPS et vos autorités régionales, qui nous permettront de créer un nouveau système de santé (…) C’est en améliorant ainsi globalement la connaissance et l’attractivité de vos métiers et vos capacités d’action que nous apporterons, aussi, des réponses au phénomène de désertification médicale, a-t-elle annoncé, même si des dispositions complémentaires seront nécessaires pour inciter les professionnels à aller prendre soin des populations des zones fragiles. Un plan ad hoc est en préparation à ce sujet. Pour la ministre, il s’agit d’un “engagement éthique et déontologique, contrepartie de la liberté d’installation, que les médecins doivent prendre collectivement (…) Vous pouvez être confiants dans l’avenir de la médecine libérale”.
Plusieurs grandes étapes sont donc à venir : publication de la stratégie nationale de santé en décembre 2017, démarrage des missions relatives à la réalisation du plan national de santé publique et du programme de recherche en santé publique, courant octobre, comité interministériel pour la Santé, sous l’égide du Premier ministre, en novembre. Plan national de santé publique avant la fin du premier trimestre 2018.
Source :
www.egora.fr
Auteur : C. L B
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