Extension temporaire de l’obligation vaccinale, plus de transparence, de vastes campagnes d’information…, les mesures préconisées par le Comité d’orientation de la concertation citoyenne sur la vaccination étaient attendues. Un an de concertation était-il vraiment nécessaire ?

 

Au terme d’une année de concertation, d’échanges, et de réflexions, le Comité d’orientation de la concertation citoyenne sur la vaccination, présidé par le Pr Alain Fischer et Claude Rambaud (Ciss), vient de présenter ses conclusions. L’une des principales interrogations était le maintien ou non de l’obligation vaccinale. Les experts se prononcent finalement, – dans l’immédiat et dans un premier temps -, pour une extension de cette mesure aux vaccins actuellement recommandés.

Ce rapport est le fruit des 10 000 contributions postées sur la plateforme de la concertation citoyenne, des avis des deux jurys – l’un de citoyens, l’autre de professionnels, censés être représentatifs de la population- , de deux enquêtes d’opinions et de 44 auditions d’experts.

Les membres du Comité se disent unanimes pour rappeler l’importance de la vaccination et la “nécessité impérieuse d’une relance de la politique de santé publique en matière de vaccination”. Ils considèrent que la priorité est de redonner confiance aux français en la vaccination. Cela passe tout d’abord par une meilleure lisibilité des vaccinations par la population et donc par une harmonisation entre vaccins obligatoires et vaccins recommandés, qui deviennent exigibles lors de l’entrée en collectivité.

Deviendraient donc obligatoires : les vaccins contenus dans la préparation hexavalente, le vaccin contre le pneumocoque, le méningocoque C et le ROR, ainsi que les rappels en accord avec le calendrier vaccinal actuel.

Cependant les experts se montrent en faveur d’une clause d’exemption valable pour un ou plusieurs vaccins, motivée par les convictions des parents. Ces derniers devront s’engager “par écrit selon une procédure formalisée à assumer les responsabilités civiles de leur refus incluant un risque de non-admission de l’enfant en collectivité”, précise le rapport. Le refus sera porté sur le carnet de vaccination. A tout moment, les parents pourront revenir sur cette décision.

Les experts prônent par ailleurs la prise en charge intégrale du coût d’achat des vaccins par l’assurance maladie qui “représenterait un signal fort donné par les pouvoirs publics d’une remobilisation en faveur de la vaccination”.

En ce qui concerne la vaccination contre le papillomavirus (HPV), le comité suggère que le futur Comité technique des vaccinations qui devrait passer sous l’autorité de la HAS réexamine les indications et notamment son extension aux jeunes garçons.

 

Transparence, information, recherche

Cette obligation temporaire est assortie d’un ensemble de mesures visant à redonner pleinement confiance en la vaccination pour, à terme, renforcer la couverture vaccinale. Il s’agit en particulier d’assurer la transparence de l’information et notamment la publication des éventuels conflits d‘intérêts des experts via, par exemple le site www.vaccination-info-service.fr

Par ailleurs, les membres du Comité souhaitent une plus grande implication des institutions scolaires, la mise en place de campagnes de communication “à grande échelle”, et que le statut de grande cause nationale soit accordé à la vaccination.

Pour faciliter la pratique vaccinale, ils proposent d’autoriser les pharmaciens à vacciner contre la grippe, de valoriser l’acte, et d’améliorer le suivi de la vaccination par la généralisation du carnet de santé électronique, et la constitution de stocks pour certains vaccins. Enfin, ils souhaitent une amélioration de la formation initiale et continue des médecins, et le développement de programme de recherche qui couvrent tous les aspects de la vaccination (nouveaux vaccins, nouveaux adjuvants, outils de pharmacovigilance, études en sciences humaines et sociales…).

L’idée à terme, et grâce à l’ensemble de ces mesures, est de renforcer l’adhésion des citoyens et des professionnels afin de de lever, dans un deuxième temps le statut obligatoire des vaccins.

Sur la base de ce rapport, Marisol Touraine a demandé à la Direction générale de la santé, à la Direction de la sécurité sociale et à Santé publique France d’étudier ces propositions, qui doivent par ailleurs faire l’objet d’une évaluation juridique et financière, avant de décider des mesures qu’elle compte mettre en œuvre.

 

“Une provocation”

Plusieurs groupes et personnalités, connues pour leur défiance vis-à-vis de la vaccination ont réagi à ces propositions. Ainsi, Michèle Rivasi, députée européenne, vice-présidente du Groupe Verts,dénonce “une opération de propagande pour inciter les français à se vacciner, en occultant totalement toute réflexion sur la question de la balance bénéfices/risques et des conflits d’intérêts. Pour elle, les conclusions de la concertation sur la vaccination sont une véritable provocation. Nous devons sortir des prises de position dogmatiques, de l’emprise du lobby pharmaceutique, de la minoration des effets secondaires et du développement de la vaccination comme nouvel eldorado pour compenser la panne d’innovation thérapeutique dans le domaine médicamenteux. C’est à cette seule condition que la population française adhérera de nouveau à une politique vaccinale adaptée à son temps” conclut-elle.

Et l’association E3M qui milite pour des vaccins sans aluminium considère que la concertation citoyenne est “un simulacre de démocratie” dans laquelle “l’avis des jurys sur l’aluminium n’est pas prise en compte” et que les victimes sont abandonnées. Selon l’association, “la “question qui fâche” est écartée, au profit de mesures coercitives”.

Source :
www.egora.fr
Auteur : Marielle Ammouche

 

D’après Anses/Ansm/Santé publique France. 18 novembre 2016.
http://concertation-vaccination.fr/rapport-du-comite-dorientation/