La réplique de la Cpam 35 à l’encontre des cinq médecins de Romillé (Ile et Vilaine) qui cotent le C à 25 euros depuis janvier dernier, a eu l’effet inverse : un regain de solidarité vis-à-vis des MG menacés, qui viennent de tenir un point presse en présence de nombreux confrères et de leur maire.

 

Trois médecins généralistes sur cinq de la maison médicale de Romillé, en Ile et Vilaine, sont syndiqués à la CSMF 35, mais tous les cinq sont en rébellion tarifaire depuis le tout début de l’année. Unanimement, ils cotent le C à 25 euros depuis les alentours du mois de janvier, suivant en cela la consigne lancée par leur centrale, révoltée contre le gel du C à 23 euros depuis 2011. “Ce n’est pas avec un tel tarif que nous pourrons attirer les jeunes vers notre spécialité”, reconnaît le Dr Lecué, porte-parole de la maison médicale.

Mais en face d’eux, ils ont un adversaire de taille : la directrice de la Cpam 35 qui n’est pas prête à fléchir face au respect des tarifs conventionnels. Un premier courrier-type est parvenu aux conjurés en février. Puis, en avril, Claudine Quéric, la directrice de la Cpam est venue en personne à la maison médicale, avec une assistante, pour discuter de la situation avec les médecins.

 

Isolés dans cette pratique

Je suis venue comme une DAM (déléguée de l’assurance maladie), et la rencontre en présence d’un praticien syndiqué à la CSMF, a été très cordiale. Les médecins m’ont fait part de leurs récriminations vis-à-vis de leurs conditions de travail. Moi, j’ai fait valoir la position de l’assurance maladie, c’est-à-dire le respect des tarifs négociés, au nom des patients qui ne sont remboursés que sur la base de 23 euros”, explique Claudine Quéric. “Je leur ai également dit qu’ils étaient très peu nombreux à pratiquer le C à 25 euros, que la nouvelle convention n’était pas encore signée et qu’ils étaient isolés dans cette pratique. Je pensais que cette précision était utile pour les éclairer“, ajoute-t-elle.

Pour les médecins, cette rencontre n’a pas été perçue comme un entretien confraternel, mais plutôt comme une menace, terme que réfute formellement la directrice. Tout comme la lettre-type de la Cpam d’ailleurs.

 

“Un courrier plein de menaces”

Pour moi, le courrier de la Cpam était plein de menaces, puisque la directrice nous informait qu’à défaut de modifier nos pratiques tarifaires, nous nous exposions aux procédures prévues dans ce cas par la convention et le code de la sécurité sociale. Moi, j’appelle cela des menaces“, relate le Dr Lecué.

Des menaces qui n’ont pas suffi à faire dévier les cinq de Romillé de la guérilla tarifaire dans laquelle ils s’étaient lancés. Ils ont donc poursuivi, sans dévier, la pratique du C à 25 euros. “Mais attention, jamais auprès d’un patient précaire ou en difficulté financière. Dans les autres cas, 92 % des mutuelles remboursent ces 2 euros aux malades“, justifie le Dr Lecué.

Pour sa part, la directrice de la Cpam n’en est pas restée-là. Soucieuse de recueillir le sentiment des assurés sur la situation qui perdurait, Claudine Quéric a appelé la maire de Romillé, Marie-Hélène Daucé, le 8 septembre, pour s’informer. Et c’est à partir de là que les témoignages divergent.

 

“Je tiens à mes médecins”

La directrice de la Cpam m’a informée de la pratique du C à 25 euros, je ne le savais pas car personne ne s’était plaint à Romillé“, relate la maire. Mais j’estime qu’il ne m’appartient pas de m’immiscer dans les affaires des généralistes de la ville. Je tiens à mes médecins, qui sont de qualité. Je veux que cette qualité perdure”, explique-t-elle.

Après lui avoir rappelé la situation de la réglementation tarifaire, la directrice lui aurait alors fait comprendre qu’elle se chargeait de faire du bruit pour informer les medias de la situation à Romillé… Ce que la directrice conteste formellement.

C’est la maire qui a pris l’initiative d’aller voir les médecins généralistes, je ne lui ai rien demandé. Je sais qu’ils n’ont pas apprécié cette démarche. Mais si j’avais menacé d’une médiatisation, je me serais ridiculisée”, rétorque-t-elle, en assurant ne pas comprendre la riposte médiatique des médecins, qui, eux, ont prévenu télévisions, radios et journaux du bras de fer qui les oppose à la Cpam. Avec comme point d’orgue, la rencontre de mardi après-midi, en présence de la maire, qui soutien ses généralistes.

 

Le choix de la médiatisation

Manifestement désolée de la tournure des événements, Claudine Quéric répète qu’elle “respecte les médecins généralistes, qui sont des partenaires de santé. Ils doivent en retour, respecter les engagements conventionnels. Je déplore que les praticiens aient fait le choix de la médiatisation“, regrette-t-elle.

Si ces derniers continuent à coter la consultation à 25 euros, ils s’exposent à recevoir un courrier d’avertissement, être traduits le cas échéant devant la commission paritaire conventionnelle et être privés de la prise en charge de leurs cotisations sociales par les caisses. Voire, dans les cas extrêmes, d’un déconventionnement. 

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Catherine Le Borgne