Le Dr Harnois, généraliste à Romorantin-Lanthenay, sous-préfecture de 19 000 habitants dans le Loir-et-Cher est dépité. Alors qu’il travaillait depuis plus de trois ans en toute harmonie avec un couple de confrères roumains, ces derniers lui ont annoncé deux jours avant de partir en vacances, qu’ils ne reviendraient pas. “L’appât du gain” aurait motivé leur départ.

 

“Ils m’ont annoncé le 21 décembre qu’ils partaient en vacances le 23 et qu’ils ne reviendraient pas”, témoigne tristement le Dr Bruno Harnois. Ce médecin généraliste installé à Romorantin-Lanthenay dans le Loir-et-Cher depuis 15 ans, travaillait depuis plus de trois ans avec un couple de médecins généralistes roumains au sein d’une maison de santé plurisciplinaire composée de deux infirmières, un gastro-entérologue et un pneumologue. A l’origine de la création de cette maison de santé, le Dr Harnois s’était beaucoup investi pour faire venir les deux généralistes.

 

“A eux deux, ils avaient plus de 1000 patients”

“Tout se passait très bien. Nos relations étaient très bonnes. Nous avions monté une société civile de moyens (SCM), nous avions une secrétaire, un réseau informatique commun et beaucoup d’activité”, commente le praticien, amer. Mais deux jours avant de partir en vacances le couple de médecins lui a annoncé son départ pour Marseille. “A eux deux, ils avaient plus de 1000 patients. Ce n’est vraiment pas correct. On n’abandonne pas une patientèle de cette manière”, s’indigne le généraliste qui va déposer plainte auprès du conseil de l’Ordre des Bouches-du-Rhône. “Ils ne m’ont justifié leur départ que par l’appât du gain. On leur a fait miroiter un chiffre d’affaires pharaonique qui ne correspond pas à la réalité d’un exercice correct de la médecine”, explique le Dr Harnois. Les praticiens partent donc travailler en solo, dans deux quartiers différents de Marseille.

“J’ai beaucoup de mal à accepter cette situation. Les patients ont un sentiment d’abandon et de trahison et moi aussi. Je me suis beaucoup investi. J’ai du mal à réaliser que tout ce qui a été construit depuis plus de 3 ans s’écroule de façon aussi brutale. Je suis très amer et en colère”, confie le médecin pour qui la situation devient très compliquée. “Je leur avais confié une partie de ma patientèle lorsqu’ils sont arrivés et en trois ans, elle s’est beaucoup étoffée. Je me retrouve assailli de demandes de toutes parts avec des gens que je connais mais que je suis obligé de refuser. Mon carnet de rendez-vous est plein jusqu’à la fin du mois de janvier et malgré cela je ne parviens pas à répondre à toutes les demandes. D’autant que je vais voir mes conditions de travail se dégrader car je ne vais pas pouvoir garder la secrétaire à temps plein en étant tout seul”, déplore le Dr Harnois.

 

“J’y ai mis tout mon cœur et cela n’a servi à rien”

Pour améliorer ses conditions de travail, la secrétaire du cabinet avait été augmentée il y a quelques mois. “Je me retrouve avec tout le social à gérer. Il faut que j’organise un licenciement économique. Tout cela vient s’ajouter à la surcharge de travail et je le vis très mal”, admet le généraliste.

Si le praticien a déjà contacté la faculté de médecine pour essayer de convaincre des jeunes de venir s’installer avec lui, il sait qu’il s’agit d’une “mission impossible”. “C’est très compliqué. Nous sommes dans un des départements les plus sous-médicalisé”,constate-t-il. Dépité mais debout, le Dr Harnois est déterminé à “lutter pour continuer”. “J’ai d’autres projets. Je vais faire venir une dermatologue mais je m’investirai plus autant sur le plan humain. Je n’ai plus confiance. J’y ai mis tout mon cœur et je m’aperçois qu’aujourd’hui cela n’a servi à rien”, analyse-t-il.

Au niveau de la ville, la situation n’est pas encore catastrophique. 13 généralistes exercent à Romorantin, dont deux médecins qui viennent d’arriver.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Bonin