Patrick Pelloux, urgentiste et ancien collaborateur de Charlie Hebdo, a raconté samedi sur France Info que les hôpitaux s’étaient mobilisés “pour sauver un maximum de victimes” des attentats de vendredi soir à Paris, un exercice auquel le Samu s’était préparé, par hasard, le matin même.

“On s’est battu toute la nuit avec l’ensemble des équipes du Samu, on s’est mobilisés pour sauver un maximum de victimes. Il y en a encore qui sont au bloc opératoire. J’espère qu’on va les en sortir. C’est un carnage de guerre, une attaque massive”, a déclaré le Dr Pelloux.

 

Les victimes ont “des blessures de guerre, des blessures par balles”, a précisé l’ex-chroniqueur de Charlie Hebdo, qui avait été mobilisé il y a dix mois lors des attentats contre l’hebdomadaire à Paris. Il y a vu “le même scénario”, avec “des armes, des kalachnikovs. Ils ont tiré de manière lamentable”. “Le hasard a fait que le matin au Samu de Paris avait été organisé un exercice sur des attentats multi-sites. Donc on était préparé”, a-t-il ajouté.

 

“C’est long et difficile”

Les hôpitaux “sont disponibles, on a libéré beaucoup de places. Les chirurgiens, les réanimateurs, les infirmières, tout le monde est revenu spontanément dès 21h30-22h00, ce qui nous a permis de sauver le plus de monde possible”, a raconté l’urgentiste. Des collègues d’autres Samu sont même venus par hélicoptère. “Je sais qu’il y a beaucoup de familles qui sont inquiètes à l’heure actuelle, c’est très compliqué parce que des fois, on a pris des victimes sans prendre leur identité immédiatement pour les conduire le plus vite possible au bloc. Il faut attendre de pouvoir identifier tout le monde, c’est long, c’est difficile”, a-t-il poursuivi.

Selon le médecin, les chirurgiens français “sont les meilleurs” pour soigner les blessures de guerre, d’autant plus que des chirurgiens militaires “sont à disposition”.

 

“Une nuit de cauchemard”

Dans le sud de Paris, l’hôpital Georges-Pompidou, a lui aussi accueilli des victimes. Dans la salle d’attente des urgences, l’unique écran de télévision, branché sur les chaînes d’information en continue hypnotise tous les regards. Le chef des urgences de l’Hôpital européen Georges Pompidou de Paris, Philippe Juvin, a été joint par France Inter ce matin. Il raconte que l’hôpital a accueilli cette nuit “une quinzaine de blessés graves”. Le dispositif de mobilisation maximale des hôpitaux, le plan blanc, le plan blanc, a été déclenché vendredi soir par l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) à la suite des attaques simultanées qui ont fait au moins 128 morts dans la capitale.

Philippe Juvin décrit ainsi la situation : “J’ai jamais vu ça, ça fait vingt ans que je fais ce métier, j’ai travaillé en Afghanistan, mais je n’ai jamais vu ça. Il n’y a aucun mot, c’était une nuit de cauchemar”. Il précise que “beaucoup de personnes de nos équipes ont décidé spontanément de venir travailler” et que “la priorité est de soigner les gens, de les sauver. Le reste, on verra demain.”

 

Le téléphone ne cesse de sonner

A l’hôpital Saint-Antoine, dans l’est de Paris, les standardistes sont débordées. Le téléphone ne cesse de sonner : toujours des proches qui cherchent des nouvelles. “Tout à l’heure, elle s’est effondrée et s’est mise à pleurer”, témoigne un patient en salle d’attente, en désignant, d’un oeil discret, cette femme en blouse bleue, aux cheveux gris maladroitement maintenus par un élastique. “Elle disait +j’en peux plus…+ Ses collègues sont venus la consoler.”

Le personnel médical, lui, se refuse à tout commentaire. Tout comme ceux de l’hôpital Cochin et de la Pitié-Salpêtrière, où il faut montrer patte blanche et ouvrir son sac pour pénétrer dans l’enceinte.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : S.B.

 

[Avec l’AFP]