Accusé par Le Point d’avoir bénéficié de faveurs du fait de sa proximité avec François Hollande et le gouvernement lors de la grève des urgentistes et au décours des attentats contre Charlie Hebdo, où il aurait été le premier indemnisé, Patrick Pelloux porte plainte en diffamation contre l’hebdomadaire et son journaliste. Et se réserve d’aller plus loin dans les poursuites.

 

“Tout est faux ! Il n’y a pas d’affaire puisque tout est faux. Je ne sais pas comment le dire, il n’y a pas de sujet”… Très énervé, le président de l’AMUF (association des médecins urgentistes de France), ne digère pas l’article du Point publié le 25 juin dernier, titré “Patrick Pelloux, l’ami du président”, qui affirme que sa proximité avec François Hollande aurait apporté bien des avantages au chroniqueur survivant de la tuerie de Charlie Hebdo autant qu’à l’urgentiste président de l’AMUF. Patrick Pelloux vient de porter plainte en diffamation contre Le Point et l’auteur de l’article, Aziz Zemouri, “qui ne fait pas de journalisme digne de ce nom, que je n’ai jamais vu, que je ne connais pas, qui m’a juste envoyé un SMS”, éructe-t-il en réponse aux questions d’Egora.

 

“Sur proposition du Président, Pelloux aura droit à une indemnité de 1,4 million d’euros”

Que prétend l’article ? L’hebdomadaire rapporte un certain nombre de rumeurs relatives au chroniqueur de Charlie et évoquerait notamment l’existence d’une note interne du ministère de la Justice (où l’on gère les sommes allouées aux victimes du terrorisme), signée d’un ancien directeur de cabinet de Christiane Taubira. Selon Le Point, cette note indiquerait que “sur proposition du Président, Pelloux aura droit à une indemnité de 1,4 million d’euros”. Plus loin, l’hebdo signale que les ayants droits des victimes “commencent à peine à percevoir leurs indemnités, entre 10 000 et 25 000 euros. Pelloux, lui, a déjà perçu une avance du fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme, dont il tait le montant”…

“Faux et archi faux, rétorque l’urgentiste. Je n’ai jamais perçu de telles sommes, je n’ai pas touché un sou… Je peux le répéter dix fois de suite…” Patrick Pelloux affirme que l’ex directeur de cabinet du ministère de la Juste a lui aussi porté plainte pour faux et usage de faux.

Le deuxième front vise l’urgentiste. Et notamment, les conditions dans lesquelles est intervenu l’accord sur le temps de travail bouclé à toute vitesse entre l’AMUF et Marisol Touraine, en décembre dernier. Le Point reprend les déclarations du président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHF), Frédéric Valletoux, selon qui Marisol Touraine aurait promis “90 millions d’euros” aux urgentistes, pour éviter que le mouvement de contestation contre la loi de santé (les cliniques privées avaient annoncé une grève reconductible à la rentrée de janvier) commence à embraser l’hôpital. Et que la ministre puisse annoncer la fin de la grève des urgences.

 

“Personne n’a le droit de dire que les urgentistes ont bénéficié d’un traitement de faveur”

Affirmation qui fait sortir Patrick Pelloux de ses gonds : “Personne n’a le droit de dire que les urgentistes ont bénéficié d’un traitement de faveur alors que l’hôpital dans son ensemble ploie sous les économies, ce n’est pas du journalisme !”. Les affirmations reprises par Le Point émanant de Frédéric Valletoux, Patrick Pelloux a demandé par écrit au président de la FHF, confirmation de ses propos. “Si ce qui est rapporté est vrai, alors je serai contraint de l’attaquer lui aussi en diffamation”, informe le syndicaliste qui n’avait toujours pas obtenu de réponses ce lundi.

Il est en tout cas, totalement soutenu par l’AMUF qui, dès vendredi, publiait un communiqué de soutien “franc et total”, de son conseil d’administration.

“Contrairement à ce qui est écrit dans Le Point, l’accord du mois de décembre pour les urgentistes sur leur temps de travail horaire n’a jamais été corrélé à une somme de 90 millions d’euros par le ministère de la Santé. Il est lié à la réorganisation et à la territorialisation. Enfin, ce n’est pas la ministre qui a annoncé la fin de la grève mais bien l’AMUF.” Le syndicat relève également ’”un autre mensonge du Point : conformément à nos communiqués de presse le docteur Pelloux et l’AMUF n’ont pas soutenu le projet de réforme des 35h à l’AP-HP”.

 

“Jamais le Dr Pelloux n’a eu le portable du Président de la République”

Le soutien des urgentistes va même au-delà, en confirmant que “le Dr Pelloux n’a jamais touché d’argent du fond d’indemnisation des victimes des attentats après l’attentat de Charlie Hebdo”. L’hebdomadaire relatant par ailleurs, que Patrick Pelloux n’aurait pas été présent sur les lieux du carnage, l’AMUF affirme que “c’est faux. Il a été avec le responsable du service de santé des pompiers de Paris sur place en premier. Jamais le Dr Pelloux n’a eu le portable du Président de la république ni n’a jamais dit qu’il avait appelé le Président sur son portable contrairement à ce qu’affirme Le Point”.

Ce lundi après-midi, celui que l’hebdomadaire surnomme “l’urgentiste le plus célèbre de France” ou encore “le médecin préféré du Président (…) son nouvel ami. Celui qu’il gâte, qu’il protège, qu’il exhibe aussi” devait être décoré de la Légion d’honneur par François Hollande.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Catherine le Borgne

 

[Avec Lepoint.fr]