Grande première aujourd’hui. Le Conseil national de l’Ordre des médecins organise son premier congrès national à la Défense, en présence de plus de 800 conseillers ordinaux et 200 invités du monde de la santé. Une volonté du président de l’Ordre de dépoussiérer l’institution et de “l’ancrer dans le 21ème siècle”. Autre grande première, François Hollande est attendu à l’ouverture. Pour la première fois depuis son élection, il s’adressera directement aux médecins.

 

“François Hollande va venir, c’est bien la preuve que l’image de l’Ordre s’améliore” souffle un conseiller national sous couvert d’anonymat. Depuis juin 2013 et l’élection du Dr Patrick Bouet à la tête de l’institution datant de 1940, le coup de jeune est palpable. Le nouveau président est avenant, les demandes d’interviews ne relèvent plus d’un parcours du combattant et les commentaires de l’Ordre sur l’actualité médicale sont plus fréquents. “L’arrivée du Dr Bouet a été un souffle d’air frais sur la profession” juge le Dr Claude Leicher, président de MG France.

 

“L’Ordre est ouvert à l’ensemble de la société qui l’entoure”

Grande nouveauté, le premier congrès de l’Ordre se tient même aujourd’hui à la Défense (Hauts-de-Seine) pour trois jours. “La tenue de ce congrès faisait partie de mon programme de politique d’ouverture pour l’élection à la tête de l’Ordre. C’est donc une volonté de tout le conseil national. Nous voulons affirmer que l’Ordre est ouvert à l’ensemble de la société qui l’entoure” indique le Dr Bouet. La venue du président de la République a même été programmée de longue date. “Lors de ma visite auprès de François Hollande, à l’Elysée en décembre dernier, je lui avais dit qu’il serait opportun qu’il en profite pour adresser un message à l’ensemble des médecins et des professionnels de santé qui exercent sur le territoire” ajoute-t-il.

Car, le Dr Bouet ne mâche pas ses mots. Il affirme clairement vouloir montrer “le nouveau visage de l’Ordre”. “Ce nouveau visage est celui d’un Ordre ouvert, qui vit dans la société tout en ne reniant aucun de ses principes fondamentaux. L’Ordre aujourd’hui est un Ordre du 21ème siècle. Il est inscrit dans une société en mouvement et il joue son rôle essentiel en matière de sécurité des soins, de compétence des professionnels, d’efficience du système de santé, d’équité, d’équilibre dans l’accès aux soins…”, clame le généraliste.

Des paroles qui semblent avoir été entendues au niveau national. “Depuis l’arrivée du Dr Bouet à la présidence on travaille beaucoup. La restructuration de l’Ordre avait déjà été amorcée mais là, on sent quelque chose qui monte en puissance. On a changé de braquet”, salue un conseiller national qui voit ce congrès comme “quelque chose de très positif qui va permettre de rassembler”.

 

“Que des vieux croutons”

Pourtant au niveau local, tous n’ont pas le même enthousiasme. “Le souci avec l’Ordre, c’est qu’il est très variable selon les départements. Certains sont très ouverts au dialogue mais dans d’autres, on a l’impression de vivre il y a 50 ans” juge une conseillère ordinale. Et manifestement, elle est mal tombée.

“C’est déjà un miracle pour moi d’avoir été élue. Les conseils sont infiltrés par des syndicats de papis qui donnent des consignes de vote. Les magouilles sont phénoménales. Et sur place, il y a encore plein de vieux. Au niveau national, on a gagné un peu en jeunesse avec le Dr Bouet mais il n’a pas 20 ans non plus”, juge la praticienne qui admet avoir été trop “idéaliste”.

“Pour changer les choses, il faudrait être plus nombreux. Ma voix ne pèse pas. On me conseille d’aller m’occuper des enfants d’une voix condescendante. Quand je tire la sonnette d’alarme sur l’installation des jeunes, on me dit qu’ils n’ont qu’à travailler. Il m’arrive d’avoir honte des décisions qui sont prises”, raconte d’une voix désabusée la conseillère qui ne se représentera pas. “Je suis arrivée en me disant que cela pouvait être possible mais non en fait. Depuis deux ans, je sens même une dégradation”, juge-t-elle. La faute à la moyenne d’âge qui dépasse allégrement les 50 ans. “L’instance se veut représentative alors qu’il n’y a que des vieux croutons. Il n’y a pas de jeunes” constate la praticienne.

 

“Nous aimerions donner envie aux jeunes”

Un fait auquel le Dr Bouet aimerait bien remédier. “Nous travaillons beaucoup avec les jeunes et avec les structures représentatives des jeunes professionnels. Ils ont leur place dans la réflexion que nous menons. En rendant l’institution lisible et compréhensible avec le congrès d’aujourd’hui par exemple, nous aimerions donner envie aux jeunes de se présenter. La porte leur est grande ouverte pour que demain, ils soient ceux qui font fonctionner l’Ordre” souligne le président.

Des propos qui vont dans le bon sens. Mais derrière les mots, le président de l’Ordre est attendu sur ses actions. “Le discours est intéressant. C’est toujours mieux qu’au temps du Dr Legman mais ça ne bouge pas assez” constate-t-on au sein même de l’Ordre. “On attend de voir le contenu du congrès pour juger” conclut le Dr Leicher.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin