Médecins à l’étranger (3/6) – Le Dr Colette Gordon est arrivée aux Etats-Unis il y plus de vingt ans, pour suivre son mari américain. Installée à Chicago, elle décrypte pour Egora les différences d’exercice entre la France et les Etats-Unis.

 

Egora.fr : Qu’est-ce qui vous a poussé à vous installer aux Etats-Unis ?

Colette Gordon : Je suis venue aux Etats-Unis en 1973 après avoir épousé un américain…

 

Quelles démarches avez-vous fait pour faire valoir vos études aux Etats-Unis ?

J’ai commencé par passer un examen médical assez poussé en anglais en France avant de venir, et un examen oral d’anglais. J’ai dû repasser un autre examen un an plus tard aux Etats-Unis pour avoir droit de chercher un Internat aux Etats-Unis. Enfin, j’ai dû bien sur valider l’examen final comme tous les étudiants américains.

 

Quelles sont les principales différences entre les études en France et aux Etats-Unis ?

La préparation aux Etats-Unis est plus orientée sur la pratique clinique. Les étudiants s’occupent directement des patients sous la surveillance des internes, tandis qu’en France, de mon temps en tout cas, les externes observaient seulement.

 

Comment se passe la spécialisation aux Etats-Unis ?

Pour se spécialiser aux Etats-Unis, il faut faire un “fellowship” qui dure 2 ans environ après avoir son diplôme. C’est comme la spécialisation à l’internat. La durée varie en fonction des spécialités.

 

Une fois diplômée, qu’avez-vous fait ?

Dès la validation de mon diplôme, j’ai eu l’opportunité de travailler aux urgences d’un hôpital de Chicago. J’y suis restée 5 ans.

 

Comment s’est passée votre installation ?

Après l’hôpital, j’ai voulu exercer en cabinet. Je me suis associée avec un confrère qui travaillait avec son épouse mais l’entente n’était pas bonne et l’expérience s’est mal passée. J’ai donc opté pour une installation seule, tout près de mon ancien cabinet ce qui m’a permis de garder ma patientèle. A côté, j’avais une activité salariée qui me permettait d’avoir un salaire minimum garanti. J’ai continué ainsi pendant 3 ans, jusqu’à ce que ma patientèle soit suffisante pour pouvoir arrêter le poste salarié.

 

Est-ce différent de la France ?

La principale différence est le paiement dès la première installation d’une assurance qui protège contre les procès. Cela coûte environ 30 000 dollars par an (22 000 euros), ce qui est très cher et ne facilite pas les départs en privé !

 

Comment se passe un congé maternité lorsque l’on est médecin installé ?

Ça n’est pas facile. Dans la plupart des cas, les femmes bénéficient d’un mois rémunéré mais de deux mois non payés. J’ai été oblige d’arrêter après ma premier grossesse car, l’hôpital ne pouvait pas me garder mon poste. Apres ma 2eme grossesse, je n’ai pris qu’un mois, mais j’étais très fatiguée au retour !

 

Combien coûte une consultation de médecine générale ?

Une consultation normale coute entre 65 et 100 dollars (entre 48 et 74 euros).

 

Tous vos patients ont-ils des assurances pour se soigner ?

Non, environ 20% de mes patients n’ont pas d’assurance. La situation s’est un peu améliorée avec les lois d’Obama.

 

Quelles sont les principales différences entre les patients américains et français ?

Il y en a tant que, je ne saurais pas où commencer ! Je constate que les Américains sont souvent en demande et n’acceptent pas le fait que les maladies et la mort peuvent arriver sans raison. Pour la plupart, si cela arrive, c’est de la faute de quelqu’un ou de quelque chose et ils n’hésitent pas à faire des procès.

 

Avez-vous déjà dû faire face à des procès de la part de vos patients ?

J’ai eu 2 procès au fil de mes 40 ans d’exercice. C’est très traumatisant.

 

Combien payez-vous en assurance pour vous protéger ?

Je débourse entre 30 000 et 35 000 dollars par an (entre 22 000 et 26 000 euros).

 

Combien gagnez-vous par mois ?

Je ne souhaite pas répondre à cette question.

 

Conseillez-vous aux Français de venir s’installer aux Etats-Unis ?

J’adore les Etats-Unis et je me considère chanceuse d’avoir épousé un américain. Pour les Français qui voudraient venir s’installer aux Etats-Unis, les bons côtés sont les possibilités de travail et de réussite nettement meilleures qu’en France pour ceux qui n’ont pas peur de travailler, qui ont des idées et qui rêvent de créer leur propre business. Les mauvais côtés sont qu’il faut être très agressif et savoir s’accrocher, car personne n’est là pour vous aider.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin