Le premier ministre, c’est Jean-Marc Ayrault, depuis mardi après midi.  Un édile de Loire-Atlantique à la foi socialiste chevillée au corps, d’abord élu à la mairie de Saint Herblain en 1977, gagnant ensuite son siège de député de Loire-Alantique aux législatives de 1986. Maire de Nantes enfin,  réélu sans discontinuer depuis 1989. Son autorité naturelle a fait de lui durant 15 ans, le président indéboulonnable du groupe socialiste à l’Assemblée nationale. Ce baron du PS fut, semble-t-il, très respecté de son prédécesseur à Matignon, François Fillon.

C’est donc à cette personnalité de 62 ans “rassembleuse et respectueuse  des uns et des autres”, soulignent ses amis, qu’il appartient dorénavant de constituer le gouvernement. Révélé mercredi après-midi,  celui-ci devra respecter strictement la règle de la parité et donner sa chance à la jeunesse et aux représentants de la diversité. Ce qui n’ira pas sans quelques froissements d’ego, notamment parmi les “hollandistes” de la première heure qui devront bien malgré eux, céder la place. Petit tour des candidatures les plus sérieuses au ministère des Affaires sociales, de la Santé. Et passage en revue des médecins proches de François Hollande, qui pourraient bien hériter d’un maroquin.

 

Qui aux affaires sociales et à la Santé ?

Marisol Touraine : Le nom de cette députée et présidente du conseil général d’Indre et Loire de 53 ans, responsable du pôle social  du candidat François Holland, fait le consensus pour accéder à un grand ministère des Affaires sociales , de même envergure que celui détenu par Xavier Bertrand, qui avait également en charge le travail.  Agrégée de sciences économiques, normalienne et conseillère d’Etat, la fille du sociologue Alain Touraine est une fine connaisseuse du financement de la sécurité sociale. Elle est l’artisan du retour à la retraite à 60 ans pour les salariés ayant accumulé les trimestres nécessaires, et connaît en experte, le fonctionnement de notre système de santé. En cas d’accession de la gauche au pouvoir, cette femme de diplomate (et ex Strauss-Khanienne) affichait la priorité de réguler les dépassements d’honoraires.

Dr. Jean-Marie Le Guen : Jusqu’à la chute du président du FMI, il y a tout juste un an, le député de Paris, 59 ans,  tenait la corde en cas de victoire socialiste, hôte naturel désigné pour le ministère de la santé pour lequel il s’est préparé au travers les multiples commission ou instances santé ou assurance maladie, dans lesquelles il a siégé.  Mais patatras… Jean-Marie Le Guen, médecin généraliste, mutualiste, économiste de la santé, fin connaisseur des arcanes du PS, député de Paris et un temps, jusqu’en 2010, président du conseil d’administration de l’AP-HP avait joué le mauvais cheval. Il  est néanmoins considéré comme un très grand spécialiste du secteur, et particulièrement des dossiers de santé publique. Bateleur hors pair, il ne lâchait pas les ministres en poste lors des débats sur les lois de financement de la sécurité sociale, à l’assemblée nationale. Son nom a été plusieurs fois cité à l’occasion de l’affaire de la Mnef, ce qui pourrait lui nuire.

Dr. Catherine Lemorton : Une femme, quinqua. Catherine Lemorton est plutôt une nouvelle venue dans le cénacle très fermé des spécialistes des affaires sociales et de la santé. Députée de Haute-Garonne, pharmacien, elle était une des porte-parole de Martine Aubry et a rédigé voici un an, un rapport à charge contre les lobbies pharmaceutiques, visant la visite médicale, la prescription et la fiscalité des médicaments.

Adeline Hazan : La maire de Reims est une proche de Martine Aubry. Elle a été juge pour enfants et s’est beaucoup impliquée dans la contestation des nouvelles lois sur la psychiatrie. Elle ne fait pas mystère de son désir d’entrer au gouvernement. Pourquoi pas à la santé ?

Cécile Duflot : la présidente d’Europe Ecologie Les Verts a fait connaître son intention d’être ministre. Novice en la matière, mais femme d’appareil, elle pourrait se laisser tenter par la santé, secteur où le mouvement écologiste a les idées aussi arrêtées que rudes, notamment en matière de politique du médicament et de santé publique. A moins qu’elle n’impose à ce poste Dominique Voynet, anesthésiste de formation et ex ministre de l’Ecologie  entre 1997 et 2001..

Dr. Gérard Bapt : Le cardiologue tonitruant de l’Assemblée nationale, rapporteur de la mission parlementaire sur le Mediator et pourfendeur des laboratoirse pharmaceutiques, peut avoir sa chance dans un gouvernement formé par Jean-Marc Ayrault.

Dr. Claude Pigement : Inoxydable défenseur depuis 1980 (et les 100 propositions de François Mitterrand pour la santé)  des idées de la gauche face à des assemblées de médecins libéraux et hostiles, Claude Pigement gastroentérologue libéral, est revenu sur le devant de la scène à l’occasion de cette campagne électorale. Membre de l’équipe de campagne du candidat Hollande, spécialiste de la santé, le sexagénaire qui n’a jamais rien obtenu en récompense de son militantisme socialiste échevelé, verrait-il enfin la chance lui sourire ?

 

Des médecins au gouvernement ?

Le nom du Dr. Aquilino Morel, 49 ans,  a parfois été avancé pour le maroquin de la santé, mais le suspens n’a pas été long. A peine en poste, François Hollande s’est attaché à l’Elysée, les services de cet ancien interne des hôpitaux de Paris, diplômé de Science Pô et de l’ENA, inspecteur de l’Igas et à ce titre, rédacteur des deux rapports sur le Mediator.

Le rôle de conseiller sied parfaitement à cet homme de l’ombre, qui fut la plume de Lionel Jospin à Matignon (aux côtés d’Emmanuel Vals), lors de sa course à l’Elysée et jusqu’en 2002.

Dr. Valérie Fourneyron : On associe fréquemment le nom de la députée-maire de Rouen au ministère des sports. Ancienne championne de Volley-ball dans les années 1990, Valérie Fourneyron est médecin du sport et s’est beaucoup investie dans la législation de la utte  contre le dopage. Elle est titulaire du dossier au parti socialiste, et à l’association des maires des grandes villes de France.

Dr. Jérôme Cahuzac. Lorsqu’il était au cabinet de Claude Evin, sous le gouvernement de Michel Rocard (1988-1991), Jérôme Cahuzac fut la bête noire des médecins libéraux, en tant que défenseur des contrats de santé promus par MG France et qui ont fait descendre les médecins dans la rue.. Depuis cette époque, le  chirurgien plastique a complètement délaissé les bistouris pour la politique, et les affaires sociales pour les finances. Il s’est progressivement spécialisé dans cette sphère au Parti socialiste,  au point de présider en 2010, la commission des finances de l’Assemblée nationale. Il brigue ouvertement Bercy où plusieurs concurrents de poids regardent dans la même direction, à commencer par Michel Sapin, ancien ministre des Finances  et la Justice, et ami très proche du président de la République.

 

Source :
http://www.egora.fr/
Auteur : Catherine le Borgne