Le gouvernement a découvert dans l’été le déficit de la Sécurité sociale. Belle perspicacité.
Le diagnostic posé, un traitement de cheval va être engagé.
Un seul levier : mettre la médecine libérale sous le boisseau. On oublie sans difficulté l’hôpital public, grand pourvoyeur de dépenses sur l’enveloppe de ville.
On commence à taper sur les étudiants et les internes pour faire disparaître la liberté d’installation.
On demande, après les déremboursements, un effort supplémentaire aux patients par la franchise.
On contraint les médecins généralistes par des mesures remettant en cause le contrat conventionnel en amputant le caractère libéral de notre métier. Par des paiements forfaitaires « expérimentés », par des objectifs personnels rémunérés, on va directement au conventionnement sélectif.
On met en place un mécanisme qui bloquera l’augmentation de la Consultation à 23 euros.
Certains peuvent penser qu’ils sont à l’abri du fait de leur âge, de leur ancienneté d’installation ou de leur contrat conventionnel. Ce qui arrive aux jeunes carabins doit nous faire réfléchir.
On vit une vraie fuite en avant des tutelles pour essayer de faire croire qu’elles maîtrisent ce qui les dépasse. Tous les mauvais coups vont être au rendez-vous. On rentre dans une période d’instabilité. Nos résultats étaient bons, incomplets mais bons. La Médecine Générale, globalement, était apaisée.
Patratas. Pour de basses raisons politiques, on veut tout chambouler. Considère-t-on que les récents acquis sont illégitimes pour les médecins généralistes ? Si oui, il vaut mieux le dire clairement en faisant preuve de courage. Attaquer par pans entiers notre métier sans l’avouer ne représente pas l’idée que nous devons avoir des vrais responsables politiques.
Le Rapport Grall est un rapport à charge. Il est dommage qu’il n’évoque que ce qui ne marche pas.
Il oublie le travail effectué sur le terrain par ceux qui se sont investis dans ce secteur.
D’ailleurs, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie a des chiffres très discordants avec le rapport.
Actuellement, plus de la moitié des médecins généralistes perçoivent une rémunération en rapport avec la permanence de soins. Depuis 2005, 20 % des médecins généralistes supplémentaires participent à la Permanence de soins. Le rapport Grall se garde bien de dire tout cela. Des maisons médicales de garde ont fleuri dans le paysage, et même si toutes n’ont pas forcément leur rythme de croisière, elles ont nettement amélioré la qualité de travail des professionnels, et diminué la pénibilité.
Au delà de toutes ces données, il reste des endroits où la permanence de soins ne fonctionne pas, où un investissement supplémentaire et une organisation avec le système local hospitalier, public ou privé, seront nécessaires.
Les médecins généralistes n’ont aucun intérêt à quitter ce secteur d’activité. Mais ils n’ont aucun intérêt à participer dans de mauvaises conditions.
L’édifice Permanence de soins est encore en construction. La pierre du financement du samedi après-midi reste encore à poser. Et d’autres après, pour attirer plus de médecins dans cette activité et pour rassurer les jeunes confrères sur leurs conditions de vie en dehors des grands centres.