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EGORA – Mieux former les généralistes, renforcer les CMP… Un rapport parlementaire presse d’agir pour la santé mentale des mineurs

Le texte, voté mercredi 9 juillet par la délégation aux droits des enfants de l’Assemblée nationale, émet 54 préconisations. Pour les deux corapporteures, il y a “urgence” à agir.

Pauline Machard

Santé mentale ado

Six mois de travail, une quarantaine d’auditions… Au bout de ce processus, la mission d’information sur la santé mentale des mineurs, copilotée par les députées de Moselle Nathalie Colin-Oesterlé (Horizons) et de Haute-Garonne Anne Stambach-Terrenoir (LFI), a dressé un constat : celui de l’écart entre les besoins croissants de soins et l’offre “contrainte, liée à la pénurie de professionnels de santé, à une disparité territoriale ainsi qu’à une diminution des moyens hospitaliers”, et souvent “illisible pour les parents”.

Les députées en soulignent, tout comme l’ont déjà fait de précédents rapports et des professionnels, les “conséquences néfastes” : prise en charge tardive, recours accru aux psychotropes, embolie des urgences, etc. Et soulignent “l’urgence” à agir. En cette année 2025 où la santé mentale a été faite “grande cause nationale”, le rapport émet 54 recommandations, pour une “politique ambitieuse” de la santé mentale déclinée aux mineurs. Il est en effet estimé que la moitié des troubles psychiatriques se déclare avant 15 ans.

Consolider, graduer l’offre de soins

Le rapport préconise notamment de consolider l’offre de soins existante “plutôt que de développer de nouveaux dispositifs et de multiplier les centres experts” ; il recommande aussi que l’offre soit “graduée” et sectorisée, s’appuyant notamment sur les généralistes et les maisons des adolescents, ainsi que sur les centres médico-psychologiques (CMP) – qui ont un “rôle pivot”, mais dont il faut renforcer les moyens – et sur des centres de crise (à créer) adossés aux urgences pédiatriques et aux hôpitaux pédiatriques.

Les élues recommandent, entre autres, de privilégier les soins thérapeutiques à la prescription de psychotropes ; de mieux former les généralistes aux troubles en santé mentale ; une meilleure coordination des secteurs sanitaire, social; médico-social et éducatif, notamment pour les jeunes de l’aide sociale à l’enfance (ASE), “surreprésentés dans la file active de patients atteints de troubles psychiques sans pour autant bénéficier de soins au long cours”. Le rapport prône aussi une réforme du financement de la psychiatrie et une revalorisation des consultations de pédopsychiatrie.

Parallèlement, les élues préconisent davantage de prévention dans les différents environnements des mineurs (famille, école, numérique). Cela passerait par un soutien aux femmes enceintes, aux jeunes parents ; un nombre suffisant de médecins, d’infirmiers et de psychologues scolaires ; une régulation de l’environnement numérique pour contrer les effets néfastes de l’exposition aux écrans et aux réseaux sociaux.

Selon la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), auditionnée dans le cadre de la mission, 1,6 million d’enfants et d’adolescents souffrent d’un trouble psychique, sur une population de 14 millions de mineurs, une prévalence qui serait dans la moyenne des pays de l’OCDE.  

[Avec AFP et Le Monde

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