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EGORA – Commune d’origine, internat… Une étude décrypte le choix du lieu d’installation des médecins généralistes

Les généralistes sont de plus en plus inégalement répartis sur le territoire français, selon une nouvelle étude de l’Insee. Cette enquête, publiée mardi 12 novembre, confirme par ailleurs le caractère déterminant des lieux de naissance et d’internat dans les choix d’installation des praticiens.

Chloé Subileau

Carte de France avec loupe

Les médecins généralistes sont de plus en plus inégalement répartis sur le territoire français. C’est ce que démontre une nouvelle étude de l’Insee, publiée mardi 12 novembre, qui porte sur les praticiens libéraux ayant débuté leur internat entre 2004 et 2007, et considérés comme installés de manière définitive depuis 2019. L’enquête révèle que, parmi ces soignants, la majorité (56,7%) se sont implantés dans une commune située dans l’aire d’attraction d’une ville de plus de 200 000 habitants (hors Paris), alors que seuls 43,3% de la population française réside dans ces territoires. 

Les territoires situés dans une aire d’attraction d’une ville de moins de 200 000 habitants ou en dehors de ces aires n’attirent que 30,1% de ces praticiens. Les besoins en santé y sont pourtant plus importants qu’ailleurs, puisque ces espaces regroupent 44,1% des personnes âgées de 65 ans ou plus. 

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Paris et son aire d’attraction ont, de leur côté, attiré 13,1% de ces généralistes libéraux ; un chiffre moins élevé que la part de la population qui y réside (19,6%). 

Au-delà de ces données, l’étude révèle que six médecins généralistes sur dix ayant débuté leur internat entre 2004 et 2007 se sont installés dans la région dans laquelle ils sont nés ; environ un sur dix s’implante même dans sa commune de naissance. “Pour la moitié des médecins, la distance à vol d’oiseau entre la commune de naissance et la commune d’exercice est inférieure à 85 km”, souligne l’Insee. 

Des disparités régionales 

Ce lien est d’autant plus fort dans les régions du Grand-Est, des Hauts-de-France et de l’Ile-de-France ; dans ces territoires, près de 80% des médecins généralistes libéraux de la génération étudiée sont nés dans la région où se situe désormais leur cabinet. “Cette proportion est moins élevée dans les régions de l’Ouest et du Sud de la France, notamment en Occitanie (40%) et dans les territoires d’outre-mer (15% à la Réunion)”, peut-on lire.  

Ces disparités mettent en lumière des différences d’attractivité entre les territoires. En effet, plus l’une de ces régions attire des médecins nés ailleurs, “plus le taux de natifs est bas”, développe l’Insee : “Au contraire, certains territoires ont […] une plus grande capacité à ‘retenir’ les médecins qui y sont nés. Ainsi, alors qu’en moyenne, 32% des médecins nés dans un département décident de s’y installer, ce taux est nettement plus élevé dans les départements des régions Hauts-de-France et Grand-Est, notamment dans le Pas-de-Calais (44%), la Somme (46%) et le Nord (50%).” 

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A l’heure où la menace de mesures coercitives plane de plus en plus sur les jeunes médecins, cette étude est particulièrement intéressante. Cette dernière confirme, par ailleurs, le rôle central du lieu d’internat dans le choix d’installation des généralistes. Selon l’Insee, “il a un effet propre, distinct de celui du lieu de naissance”. De fait, la moitié des praticiens généralistes libéraux ayant débuté leur internat entre 2004 et 2007 exercent en 2019 à moins de 43 kilomètres à vol d’oiseau de l’université dans laquelle ils ont effectué leur internat.

Cette distance varie selon les universités (hors DOM) ; elle est ainsi comprise entre 18 kilomètres pour l’université de Nice et 117 kilomètres pour celle de Poitiers.

De plus, le taux de médecins qui s’installent dans une commune rurale est très variable suivant l’université d’internat. Il est de moins de 5% pour les anciens internes de Nice et de 11% pour ceux de Paris, et atteint les 55% pour ceux de Besançon.

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