Ce jour-là, ce sont eux qui vous ont choyés. Petit cadeau, beau geste ou gentils mots…

Pour dissiper la noirceur ambiante, Egora.fr a appelé ses lecteurs à se remémorer ces moments émouvants ou surprenants où les rôles du patient et du médecin ont été inversés. “C’est là que l’on réalise l’attachement qui peut exister entre un médecin et ses patients après 30 ans d’activité…”, avez-vous témoigné.

 

“Mon étoile”

Dr Steph, médecin du travail

“Le métier de médecin du travail peut paraître parfois complexe et ingrat. Cependant, de belles rencontres illuminent notre quotidien. Semaine de Noël avant Covid. Les plannings sont chargés mais je sais que je vais rencontrer Mme E. Cette consultation va conclure un suivi régulier de plus d’un an et demi. Mme E., infirmière, 35 ans, a eu un arrêt long pour burn out et je l’ai accompagnée afin qu’une réflexion sur son avenir professionnel soit possible. Aussi, Mme E. se présente souriante et chargée d’un paquet : “Docteur, je voulais vous offrir cette boite de chocolats en forme d’étoile en témoignage de ma gratitude. Vous avez été mon étoile et vous m’avez sauvé la vie.”

 

Une petite enveloppe

Mimi

“Nous prenions en charge un monsieur âgé qui vivait seul. Nous nous en sommes occupés pendant trois ans. Un jour, il nous a montré nos enveloppes respectives avec des billets dedans. Sur la mienne était noté : ‘Mimi, parce qu’elle le vaut bien’.
Mais le fils qui ne venait jamais et qui a été déshérité ne nous a rien transmis au décès. L’intention y était…”

 

 

“La salle d’attente était pleine…”

Dr Françoise Sanquer, immuno- allergologue

“C’était le 26 juin 2015. Le dernier soir avant la fermeture définitive de mon cabinet pour cause de burn-out. Il était 20 heures environ quand je suis allée vérifier que la salle d’attente était vide après le départ de mon dernier patient. J’ouvre la porte et surprise : la pièce était pleine. Environ 20 personnes, tous des patients fidèles. Ils se sont tous levé. Je suis restée immobile, stupéfaite. L’un d’entre eux s’est avancé et m’a dit : ‘Docteur, nous venons vous remercier de nous avoir sauvé la vie.’ J’ai répondu : ‘Pas tout à fait, tout de même.’ Lui: ‘Mais au moins de l’avoir rendu bien plus belle.’ Et il m’a prise dans ses bras. Ils l’ont tous fait l’un après l’autre. Je n’oublierai jamais et les remercie encore ici. J’en pleurais d’émotion et le fais encore en écrivant ces quelques mots.”

 

Le médecin malade

Dr Françoise Chavanier, médecin militaire

“Médecin militaire, je tenais un dispensaire. Ce jour-là, j’étais très enrhumée et je poursuivais mes consultations…
Une dame est venue consulter, elle était caporal-chef et tenait un emploi de secrétaire dans un service. Elle m’a regardée et m’a dit : ‘Docteur, vous avez vu dans quel état vous êtes ? Rentrez chez vous.’ Je lui ai simplement répondu : ‘Vous avez raison’. Et je suis partie dès que j’ai pu. C’était vraiment plein d’affection et d’attention. Je m’en souviens toujours avec émotion.”

 

Il fallait y penser

Dr Jean-Louis Devoize, neurologue

“Que peut-on offrir à un neurologue à l’occasion de sa retraite après 40 ans de service hospitalier ? Certains de mes patients ont dû se poser la question. Petits mots, livres, bouteilles, chocolats m’ont fait très plaisir. Mais le plus surprenant a été une paire de boutons de manchette en forme de… cerveau. Je n’ai pas remis de boutons de manchette depuis ma communion ou mon mariage (je les confonds souvent, n’ayant confirmé ni l’un ni l’autre). Mais lorsque, en cherchant chaussettes ou une ceinture, je les retrouve, je souris, pense à l’adorable donatrice et me dis que je faisais un beau métier.”

 

 

Retrouvailles

Dr A.B., dermatologue

“J’ai vécu des moments vraiment très émouvants avec de très nombreux patients à la reprise de mes consultations après plus de 7 mois d’arrêt pour un cancer très méchant auquel j’ai eu la chance de survivre. Les témoignages de joie de me retrouver ont vraiment été très forts et m’ont procuré beaucoup d’émotion et de bonheur. C’est là que l’on réalise l’attachement qui peut exister entre un médecin et ses patients après 30 ans d’activité. Et cela se reproduit lorsqu’ils apprennent le départ en retraite avec en plus quelques cadeaux d’adieu.

 

Belle plante

Anonyme

“Avec une patiente, nous parlions souvent jardin, sa passion. Le jour de sa sortie, son mari m’a apporté une de ses plantes, bien emmitouflée pour que personne ne voit. Ce geste m’a beaucoup touchée, j’ai toujours cette plante dont je prends soin.”

 

Le bon diagnostic

Anjo

“Il y a 20 ans environ j’ai eu l’occasion de diagnostiquer un rhabdomyosarcome de l’orbite chez un enfant de 12 ans. Je l’ai envoyé au CHU régional. Il a survécu 1 an environ et j’ai appris son décès par une très gentille lettre de ses parents, qui me remerciaient d’avoir réagi rapidement pour tenter de sauver leur enfant.
Autre histoire. Il y a 16 ans, j’ai vu un patient de 80 ans pour des éclipses visuelles. Après écho doppler puis angioscanner montrant un rétrécissement très serré de la carotide homolatérale, je l’ai confié à un chirurgien vasculaire, qui l’a opéré en urgence. J’ai eu droit à une bouteille de champagne.”

 

 

Juste une petite goutte

Dr J. Paralax, médecin généraliste retraité

“C’était le début d’après-midi. Je reçois mon premier patient, qui attendait déjà depuis une heure pour passer en premier. Consultation habituelle de surveillance cardio-vasculaire. Quand l’ordonnance est faite, le patient me demande : ‘Nous avons terminé ?’ Moi : ‘Oui c’est terminé.’ Alors le patient, un homme de 65 ans, plonge la main dans un sac à ses pieds et sort, en me regardant d’un œil rieur, deux petits verres à liqueur qu’il dispose délicatement entre nous sur le bureau. Puis suit une bouteille d’un excellent Cognac. ‘Nous en parlions, l’autre fois, Docteur. C’est celui que je vais chercher sur place. Je me suis dit que pour une fois, je vous le ferai goûter. Juste un peu. Faut pas trop, vous avez du travail.’ Tant de sollicitude, pas possible de refuser. Mais je gardais le doigt sous le goulot. ‘Hop Hop, pas plus !’. Pour les consultations suivantes, mon haleine de vigneron et moi tentâmes de garder une bonne distance avec les patients, et au pire de passer pour un épicurien plutôt qu’un pochetron…”

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : La rédaction d’Egora

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