EDITO : 15, 17, 18, 112, 113, 116/117 : FAITES VOS JEUX !

Une seule réalité, 70 à 85 % des appels au 15, selon les études, relèvent de la prise en charge ambulatoire.

Notre problème n’est pas la lutte de pouvoir entre les Pompiers, la Police et le SAMU pour la gestion des urgences vitales, notre problème est la prise en compte du secteur libéral dans la gestion de la grande majorité des demandes de soins de la population à travers un numéro de téléphone dédié (116/117 ou autre).

Un soin non programmé n’est pas une urgence vitale, tout au plus une urgence ressentie pour laquelle les cabinets médicaux et les autres professionnels de santé peuvent donner une réponse adaptée.

Autant, il est vrai que la gestion d’un infarctus du myocarde ou d’un accident vasculaire cérébral s’est beaucoup améliorée ces dernières années grâce au SAMU, autant la prise en charge des soins non programmés, via les urgences hospitalières, s’est dégradée (attente interminable, réponse inadaptée, manque d’équité selon les territoires).

Chacun sa spécialité : personne ne remet en question l’efficience du secteur hospitalier et des établissements privés quand le pronostic vital est en jeu.

En revanche, l’embolisation des urgences par des pathologies relevant du secteur ambulatoire nuit à l’efficacité de tout le système de santé français.

Le pacte de refondation des urgences avec comme corolaire la réorganisation de la réponse aux appels via le Service d’Accès aux Soins (SAS), nous donne l’occasion de nous faire enfin entendre : Il n’est pas question d’ouvrir des créneaux de consultations pour qu’ils soient remplis sans mesure, jour et nuit, 7 jours sur 7, par des régulateurs hospitaliers : NON.

Chaque secteur, en fonction de ses ressources humaines, doit avoir une réponse adaptée en semaine et en journée (hors WE et nuit réservés à la PDSA), grâce à des organisations territoriales en milieu rural comme dans les grandes agglomérations et surtout via une régulation libérale indépendante. Ce que demande Les Généralistes-CSMF, c’est un numéro d’appel réservé aux demandes de soins non vitaux (116/117 ou autre), une régulation libérale (délocalisée au cabinet ou domicile des médecins s’ils le souhaitent), une majoration des actes de soins non programmés régulés par le SAS, une prise en charge des transports vers les cabinets médicaux si nécessaire.

C’est à ce prix que le droit fondamental à l’accès aux soins pour la population française deviendra une réalité loin de la médecine de supermarché dérégulée et dégradée.

Dr Sylvaine LE LIBOUX, Secrétaire Générale Les Généralistes-CSMF

TRIBUNE LIBRE : Réforme des études médicales

→Historique
Une nécessité forcément… dont la première fut introduite par Raymond Poincaré, alors ministre de l’Instruction en 1893, le certificat d’études physiques, chimiques et naturelles (dit PCN) pour pouvoir entreprendre ses études en école et facultés de médecine, devenant le certificat d’études physiques, chimiques et biologiques (dit PCB) et ayant pour lieu de formation la faculté des sciences.
En 1963, un certificat préparatoire, intitulé certificat préparatoire aux études médicales (CPEM) est instauré suite à la Loi Debré de 1960. En 1969, est mis en place le premier cycle des études médicales en 2 ans avec instauration en 1971 d’un numerus clausus pour le passage en deuxième année, le nombre d’années d’études total revient donc à 7 années. En 2010, la première année commune aux études de santé (PACES) devient le nouveau sésame pour accéder aux études des professions de santé : médecin, chirurgien-dentiste, sage-femme, kinésithérapeute et pharmacien sous la houlette du ministère de la Santé et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
2018, le Plan Santé 2022, dont le leitmotiv est de repenser la formation et la carrière des soignants : un choix politique français associé à une mise en conformité européenne des études de médecine.→La réforme : le premier cycle
Le numerus clausus et les épreuves nationales classantes seront supprimés.
Deux objectifs principaux : une orientation progressive encourageant les passerelles et la diversification des profils avec une année de télescopage en 2020 entre ancienne et nouvelle formule avec le gâchis humain avec ce rapport difficilement acceptable de places pour les redoublants par rapport aux primoaccédants du nouveau système.
Un examen d’entrée aux études de médecine MMOP (Médecine, Maïeutique, Odontologie, Pharmacie) sera toujours présent, mais indépendant de la première année. Deux parcours possibles pour les études médicales, permettant une diversité des profils médicaux : Le Premier cycle des études médicales

→PASS, le « Parcours Santé »
Un équivalent de la PACES mais sous forme d’une année de licence. Il délivre 60 ECTS si l’année est validée afin de permettre aux étudiants qui n’auraient pas réussi l’examen d’entrée aux études de médecines de se réorienter vers une autre filière sans perdre une année, les cours y seront plus vastes qu’en PACES.

→LA.S, la mineure « Santé »
Cette option universitaire permet de postuler à l’examen d’entrée des études de santé MMOP (Maïeutique, Médecine, Odontologie, et Pharmacie) depuis une autre licence universitaire telle qu’histoire, droit, biologie, physique, philosophie ou autre selon les possibilités des universités, voire des CPGE (Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles) : à la fin de Licence 1, Licence 2, voire Licence 3, établissement d’un droit à postuler aux études de santé, charges de travail probables car il faut obtenir la licence tout en préparant l’entrée en MMOP.
Le tout suivi de deux années pré-cliniques Niveau L2 et L3 du 1er cycle 2ème et 3ème année du Diplôme de Formation Générale en Sciences Médicales (DFGSM2 – DFGSM3).

→Le Deuxième cycle des Etudes Médicales
(Diplôme de Formation Approfondie en Sciences Médicales) – DFASM1, DFASM2, DFASM3.
La filière des études médicales évolue dans son ensemble avec un cahier des charges décrit très précisément par l’Arrêté du 2 septembre 2020 portant modification de diverses dispositions relatives au régime des études en vue du premier et du deuxième cycle des études médicales et à l’organisation des épreuves classantes nationales avec une phrase de choix sur ce que doit devenir le profil de l’étudiant en médecine : « clinicien, communicateur, coopérateur, acteur de santé publique, praticien réflexif, scientifique, responsable aux plans éthique et déontologique ».

Si on s’en tient aux documents du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, les objectifs fondateurs de la réforme du 2e cycle des études médicales (R2C) sont centrés sur :
– Une formation des étudiants à agir efficacement en milieu professionnel (approche par compétence) ;
– Un enseignement centré sur l’apprentissage de l’étudiant et sa capacité à utiliser ce qu’il a appris dans un contexte clinique ;
– Le développement du raisonnement clinique mobilisant les connaissances de l’étudiant au bon moment et au bon endroit pour résoudre un problème ;
– Une transformation de l’étudiant en professionnel de santé par la construction progressive d’une identité de médecin et l’intégration des valeurs communes de notre profession.

A noter qu’il est demandé aux enseignants une mise à plats des modalités et pratiques des enseignements, voire refondations…

Le Troisième cycle des Etudes Médicales
Jusqu’en 2023, l’accès en 3ème cycle nécessite la validation complète du 2ème cycle et le classement aux Epreuves classantes nationales (ECN) puis retour à une phase plus régionale par la suite.
De trois à cinq années de spécialisation.
Au cours du troisième cycle les étudiants apprennent leur futur métier en l’exerçant en milieu hospitalier sous la responsabilité des chefs de service. Ils ont le titre d’interne. Durant ce cycle, les étudiants obtiennent le Diplôme d’Etat de docteur en médecine.

A ce jour les Diplômes d’Études Spécialisées (DES) traduisant les spécialités du troisième cycle sont réparties en 3 filières :
– Diplômes d’études spécialisées de la discipline chirurgicale (chirurgie pédiatrique, chirurgie plastique, chirurgie vasculaire, gynécologie obstétrique, ophtalmologie…),
– Diplômes d’études spécialisées de la discipline médicale (dermatologie, génétique, gériatrie, gynécologie, médecine d’urgence, médecine générale, neurologie, pédiatrie, pneumologie, psychiatrie, radiologie…),
– Diplôme d’études spécialisées de la discipline biologique (biologie médicale).
Auxquelles s’ajoutent des options spécifiques à chaque filière.

Par ailleurs, les études de médecine du 3e cycle sont scindées en 3 étapes successives :
– Phase de socle en 1 an (fondements de la spécialité),
– Phase d’approfondissement en 2 ans (étude des différents champs de la spécialité),
– Phase de consolidation ou de perfectionnement en 1 an.
Chacune de ces phases est l’objet d’une évaluation personnalisée.

→Les enjeux
En somme, un cadre théorique complexe et sur le fond justifié qui construit le profil et l’image du médecin, garantie par une docimologie omniprésente dans le cursus, Europe et Classement de Shanghai obligent.
Quelques chiffres pour camper la filière de formation :
– 6 000 Professeurs et Maitres de conférences,
– 40 000 étudiants en première année,
– 40 000 étudiants entre 2ème et 6ème années,
– 40 000 internes.

La crise de la COVID-19 a montré plusieurs choses importantes :
– L’implication des jeunes en formations dans l’accompagnement sanitaire, la logistique et l’implication aux prêts des malades,
– Les difficultés des étudiants de première année avec cette complétion PACES versus PAS, suivi de l’isolement par absence de cours présentiels, suivi de difficultés matérielles du fait de la perte des jobs étudiants,
– Difficultés que l’on retrouve dans les années supérieures,
– Mise en lumière de la problématique « Violences sexistes et sexuelles en médecine » ainsi que la question du « suicide des internes et des étudiants en médecine » qui d’ailleurs deviennent des motifs de consultations chez nous médecins généralistes car ces étudiants font souvent le choix de s’adresser à nous,
– Difficultés des internes à faire des remplacements en libéral du fait de cette réforme nouvelle, pourtant pont indispensable entre la ville et l’hôpital pour causes de démographie médicale, facilitation à l’installation libérale, formation variée des internes, continuité des soins…et équilibre personnel des internes.
– Malgré la tension médicale durant cette phase de pandémie, la disparition du numerus clausus ne sera qu’un artifice par rapport aux besoins réels de formation de nouveaux médecins compte tenu de l’émergence des nouveaux métiers de la santé et des partages de tâches, du numérique ; les possibilités de formation et les besoins feront que le nombre de médecins formés devra rester quasiment à l’identique : après le burn-out dû à l’excès de travail, évitons celui des salles d’attentes vides.

Les Généralistes-CSMF doivent rester à l’écoute de ces problématiques sociales, psychologiques, économiques et de contraintes de cursus de nos jeunes confrères, s’impliquer dans leur formation dès le deuxième cycle, réfléchir avec eux et les politiques pour une professionnalisation avec une rémunération dès la deuxième année pour qu’ils accèdent à une indépendance et autonomie leur permettant de trouver sérénité et bonheur de vie pour épouser cette carrière qui les a fait rêver pour se présenter en première année.
En clair, les accompagner à trouver une vraie place dans notre société en mouvement.

Dr Rémi UNVOIS, membre du Comité directeur Les Généralistes-CSMF

INFOS PRATIQUES :

→Arrêt des mesures dérogatoires le 31 MAI 2021

MU en Ehpad, TCG par téléphone, consultation prévention covid… Nous sommes en attente d’une réponse de Thomas FATOME, Directeur Général de la CNAM. Ces mesures doivent être prorogées car elles améliorent la prise en charge des patients en particulier âgés, handicapés et isolés.→Livraison de Moderna

Les livraisons attendues de Moderna ne sont pas au RDV et entrainent une désorganisation de nos consultations.
Il n’est plus possible que nous ne puissions pas encore vacciner avec des vaccins mARN, dans nos cabinets (nous sommes très en retard à ce niveau par rapport à l’Allemagne qui elle fait confiance à ses médecins généralistes).
Il semblerait en revanche que nous puissions avoir des vaccins JANSSEN, mais toujours réservés au plus de 55 ans.

Lire le DGS Urgent 56 du 31 mai 2021

→Certificat de vaccination

Les patients peuvent désormais les imprimer eux-mêmes.
Lien pour l’obtenir

→Troisième injection de vaccination anti-covid

4 semaines après la deuxième injection et si le délai est dépassé, dès que possible ; pour les personnes suivantes :
• Ayant reçu une transplantation d’organe ou de cellules souches hématopoïétiques ;
• Sous chimiothérapie lymphopéniante ;
• Traitées par des médicaments immunosuppresseurs forts (Antimétabolites (Cellcept®, Myfortic®, mycophénolate mofétil, Imurel®, azathioprine…) et AntiCD20 (rituximab : Mabthera®, Rixathon®, Truxima®) ;
• Dialysées chroniques après avis de leur médecin traitant qui décidera de la nécessité des examens adaptés ;
• Au cas par cas, les personnes sous immunosuppresseurs ne relevant pas de ces catégories ou porteuses d’un déficit immunitaire primitif. Nouvelle liste des maladies à déclaration obligatoire : lire la circulaire du CNOM

→VIH : la primo-prescription de la PrEP ouverte aux généralistes

« la prescription initiale des médicaments utilisés pour la prophylaxie pré-exposition (PrEP) du VIH (Truvada et génériques, ndlr) est désormais ouverte à l’ensemble des médecins », vient d’annoncer le ministère de la Santé dans un communiqué.
À partir du 1er juin 2021, les généralistes pourront donc non seulement renouveler mais aussi initier une PrEp.

FORMATION : diagnostiquer et prendre en charge un COVID long

Formunof vous invite à participer à une formation gratuite, prise en charge par le FAF PM, le jeudi 10 juin à 20H30 sur le COVID long.
L’expert, le Professeur Fabrice Simon, infectiologue à Marseille, vous fera aussi part de son retour d’expérience au sein d’un service spécialisé.
Inscription obligatoire par mail (joindre votre attestation URSSAF si c’est la première formation en 2021).NOMENCLATURE :
Aujourd’hui, les médecins généralistes utilisent principalement l’acte de consultation dans la nomenclature alors qu’il existe une grande diversité de cotations. Les Généralistes-CSMF ont réalisé un guide qui permet au médecin généraliste de se faire honorer tant dans son activité clinique que technique.

Téléchargez les plaquettes NOMENCLATURE Les Généralistes-CSMF (Métropole + Antilles + Guyane La Réunion) sur notre site ou par envoi sur simple demande