Alors qu’une proposition de loi socialiste vient d’être déposée, la ministre de la Santé a réaffirmé son opposition à toute limitation de la liberté d’installation des médecins lors de la présentation des vœux à la presse, ce mardi 22 janvier.

 

Alors que de plus en plus de voix s’élèvent chez les citoyens comme chez les élus en faveur d’une contrainte à l’installation des médecins, le Gouvernement va-t-il résister encore longtemps ? C’est la question à laquelle Agnès Buzyn a dû une nouvelle fois répondre, après le dépôt à l’Assemblée d’une nouvelle proposition de loi limitant le conventionnement dans les zones sur-denses“Les Français considèrent la santé comme un service qu’il leur est dû, et un service public, parce qu’ils paient pour cela via leurs cotisations”, a reconnu la ministre de la Santé, tout en insistant sur la nécessité de ne pas “crisper” des professionnels qui ont “choisi l’exercice libéral“.

Il va falloir trouver la ligne de crête qui permet de rapprocher ces points de vue“, a développé Agnès Buzyn. “Ma stratégie, c’est d’y répondre par la réforme du système de santé. Tout ce que nous avons négocié, travaillé, concerté avec les professionnels de santé depuis un an vise à promouvoir une médecine de qualité, coordonnée, et en réponse à ces déserts médicaux.” Tandis que “d’autres viennent avec des mesures assez simplistes : il suffit d’obliger les médecins à s’installer dans les territoires”, tacle Agnès Buzyn, qui considère que “le problème de la médecine de demain” ne se limite pas à l’installation des médecins. “C’est aussi comment face à des pathologies chroniques, on répartit la tâche entre les professionnels de santé”, souligne la ministre. “Simplement dire ‘on va remplacer un médecin qui part à la retraite par un autre médecin’ ne règle pas totalement à mon sens, loin de là, la façon dont on doit exercer la médecine de demain“, poursuit-elle, vantant le “cadre d’exercice” des CPTS : “Il y a plus de délégations de tâches, de coopération, donc ça améliore la prise en charge des maladies chroniques, ça permet d’avoir des regards croisés sur ces pathologies, le médecin n’est pas tout seul”.

Sans compter que la coercition “pénaliserait essentiellement les jeunes alors que les médecins installés n’auraient aucune obligation“, relève Agnès Buzyn. “Quelque part, c’est très discriminant. On change les règles après 15 ans d’études et plusieurs concours. Ça n’est pas très légitime.” La ministre de la Santé signale par ailleurs que les pays qui ont tenté la coercition à l’installation face aux déserts médicaux ont connu “un échec“. En Allemagne ou au Canada, relève Agnès Buzyn, les jeunes professionnels “se sont installés dans des zones limitrophes aux zones désertiques. En fait, on a vidé les villes pour pousser les médecins en grande banlieue, mais on n’a pas pour autant des médecins dans la ruralité. Ce qu’attendent les médecins, c’est un cadre de vie agréable.” Si les jeunes médecins, en majorité des femmes, sont contraints à s’installer, ils préfèreront se tourner vers la médecine scolaire, l’exercice salarié ou encore l’industrie”, souligne Agnès Buzyn.

La réforme de la santé “vise à répondre aux déserts médicaux“, insiste la ministre. Première étape le 13 février, avec l’examen en Conseil des ministres du projet de loi réformant les études.

 

Source : www.egora.fr
Auteur : A.M.