5,5 millions d’euros. C’est le prix qu’a couté un médecin chef de service de l’hôpital de Quimperlé (Finistère) alors que son “incompétence avérée” l’avait privé d’affectation depuis plus de 4 ans. Cette histoire a agacé des lecteurs d’Egora et ils ont été nombreux à réagir à cette information. Voici quelques-uns des meilleurs témoignages.

 

Dans un rapport publié fin décembre, la chambre régionale des comptes de Bretagne a dénoncé le cas d’un chef de service de l’hôpital de Quimperlé. Nommé chef de service en 1984, le praticien s’était illustré depuis par une “incompétence avérée”, pointée dans plusieurs rapports.

“Outre un déficit d’image, il en est résulté un coût salarial de 130 000 euros par an et une privation de recettes annuelles estimée à 980 000 euros, soit un coût total de 5,5 millions d’euros entre 2012 et 2016” pour l’hôpital, résume la chambre régionale des comptes.

En 2004, l’agence régionale de l’hospitalisation (ARH) a même attribué une enveloppe de 124 000 euros par an à l’hôpital pour “compenser le surcoût lié à ce praticien sans affectation ni activité”. En 2010, le directeur de l’hôpital lui a demandé de faire valoir ses droits à la retraite mais ce dernier a refusé. Au 31 octobre 2016, il percevait une rémunération brute de près de 7 400 euros par mois. Il a finalement pris sa retraite en janvier 2017.

Les médecins ont été nombreux à réagir à l’article “ʺIncompétentˮ et sans affectation, le chef de service touchait toujours 7 400 euros mensuels” publié le 22 décembre sur Egora.fr. Retrouvez ici quelques-uns des témoignages.

 

LES RÉACTIONS

L’incompétence professionnelle est difficile à prouver

Par petitbobo

L’hôpital était coincé et n’avait aucun moyen simple de s’en débarrasser.

L’incompétence professionnelle est extrêmement difficile à prouver surtout s’il avait le soutient syndical ou de la corporation des médecins hospitaliers.

Sauf à le licencier pour faute grave, qui est quelque chose de très encadré par la loi (mettait-il la vie des malades en danger ?) et du pain béni pour ses avocats car ça il faut que le demandeur (l’hôpital) le prouve, le licenciement aurait contraint l’hôpital à lui verser une somme très importante au bout de très longues années de procédure durant lesquelles il aurait continué à percevoir son salaire.

L’hôpital, après avoir pris langue avec des avocats spécialisés en droit du travail, a dû faire ses comptes.

L’hôpital savait qu’il en avait pour des années de procédures, à l’issue incertaine et qu’il s’exposait à une saisie prud’hommale.

Si l’hôpital a payé pendant 30 ans c’est qu’il savait qu’il n’avait rien à gagner financièrement à se lancer dans un conflit. Voire à y perdre et à se faire remonter les bretelles par la Cour des comptes régionale pour avoir entamé une procédure vouée à l’échec.

Les juges s’en seraient tenu au Droit du travail, ils n’ont rien a faire de la médecine, domaine plus subjectif.

L’hôpital était coincé, le médecin le savait, il a tiré sur la corde jusqu’à la fin.

Il a attendu la retraite, à la date choisie par lui.

Pourquoi voulez-vous qu’il fasse preuve d’élégance en démissionnant, perdant son statut, ses revenus, sa retraite ?

Il s’en foutait, probablement convaincu que la direction de l’hôpital et certains confrères n’avaient pas été sympa avec lui…

Moralité un salarié bien conseillé peut jouer au con longtemps (et même depuis le début)

Un employeur bien conseillé s’écrase.

 

Ce cas est connu

Par melody

De qui se moque-t-on ? Ce cas est connu dans la région depuis 1984 ! On lui avait quand même coupé le téléphone à l’époque puisqu’il passait son temps à jouer aux échecs sur minitel, d’où des factures astronomiques. Je crois même que le Canard enchaîné a déjà parlé de ce cas. Et il y en a combien d’autres et dans d’autres branches qui courent encore ?

 

Complicité

Par toubibo

Solidarité médicale.

Incompétence et complicité de l’ordre qui passe sous silence.

Je connais une dizaine de chefs de services psychiatriques et incompétents mais toujours en poste.

L’avenir aura raison de notre système.

 

Il était possible de s’en débarrasser

Par thomaspg

Tout n’est pas exact, en effet un fonctionnaire licencie ne peut pas faire appel aux prudhommes mais au tribunal administratif ce qui est déjà différent.

Dans le cadre d’un licenciement pour insuffisance professionnelle a droit à une indemnité de licenciement égale à 75% de la part de sa rémunération mensuelle incluant son traitement brut, son indemnité de résidence et son supplément familial multiplié par son nombre d’années de services tel qu’il est calculé pour la retraite et ce dans la limite de quinze ans.

D’autre part si comme il est dit dans plus haut ce praticien était connu pour sa propension à utiliser le minitel (ce qui remonte assez loin) il y avait possibilité de le sanctionner pour cela et là on entre dans les fautes professionnelles

On peut aussi mette à pied un fonctionnaire

Bref avec un peu de courage, un peu moins de compagnonnage, peut-être même (je l’ai vu) en passant outre (qui sait) au fait que le fonctionnaire sur la sellette est membre (supposition) d’une association bien connue pour la solidarité entre ses membres, il était possible de s’en débarrasser ! mais effectivement on pouvait aller au clash et dans notre pays face à un fonctionnaire quel qu’il soit la réaction est généralement du type courage fuyons !

Par ailleurs si ce praticien avait des rapports conflictuels avec les patients il était possible de le faire passer en commission de discipline d’établissement et même de le faire poursuivre devant le conseil de l’ordre par le biais de patients

Bref il y avait énormément de possibilités pour qui connait un peu le droit administratif (ce qui est normalement la règle au niveau de la direction d’un établissement) pour se débarrasser de l’intéressé, mais il fallait du courage! Pour moi cette situation est due à une protection plus ou moins occulte que des fonctionnaires de direction n’ont pas oser dénoncer de peur de se voir refuser une nomination “méritée” dans un des ordres nationaux ou une promotion “tout aussi méritée” ! certains au vu d’une lettre avec en en tête “l’attention du ministre a été attirée sur la situation de MrX” anticipent les désirs ministériels et se transforment en carpette !

 

Sommé de rembourser

Par Alea5

Gaspillage de l’argent public et faute professionnelle grave… Que prévoit-on de faire pour recouvrir ces sommes ? Un allocataire de Pôle emploi ou de la CAF en toucherait mille fois moins, il serait sommé de rembourser en remontant parfois jusqu’à 15 ans !!!

 

Jamais tout blanc, tout noir

Par petitbobo

Ce n’est pas le médecin qui aurait à supporter une condamnation pour gaspillage de l’argent public. Ce gaspillage est le fait de l’administration hospitalière. C’est elle qui a payé.

J’écris plus haut qu’à mon avis l’hôpital était coincé.

L’administration hospitalière a dû chercher à s’en débarrasser.

Nous médecin on sait pourquoi, mais la justice ne le voit pas comme ça…

Pour être retenue en tant que faute lourde il faut que la faute comporte une intention de nuire à l’employeur.

Souhaiter garder son poste et son salaire n’est pas à une intention volontaire de nuire à l’employeur ; là son intention c’était de garder son salaire.

La faute grave résulte d’une violation d’une obligation contractuelle. Ici l’employeur a dû penser que l’obligation contractuelle c’était de soigner les patients de l’hôpital avec compétence.

Mais encore une fois il est très difficile de se prononcer sur la qualité ou le manque de qualité. Il a ses diplômes, il a été nommé à ce poste. Certes un juge peut désigner un collège d’experts qui seront chargés de l’éclairer. Mais si le collège ne peut identifier objectivement des cas précis où il a mis la vie de malades en dangers (ou pire) ou leur a fait supporter des préjudices importants liés à cette incompétence, ça n’aboutira jamais.

Ce n’est jamais tout blanc, tout noir. Et le doute etc…

 

Ça fait rêver

Par chir forever

S’il a vraiment fait des fautes graves, on peut toujours courir pour les prouver après qu’il ait passé plus de 30 ans sans exercer !

Ce qui me sidère, c’est que se faisant, il a quand même franchi tous les échelons de sa carrière jusqu’au 13° et dernier inclus (voir son salaire brut) !!

Bah oui je le connais bien, le salaire du 13° et dernier échelon : il est en haut de ma fiche de paie, mais moi je bosse -vraiment- depuis 1984… Franchement, ça fait rêver, quelque part.

 

Placardisation

Par bahlsen

Ce genre de situation existe partout. Il y a même des hospitalo-universitaire y compris PU PH dans ces cas-là (les PU PH sont absolument invivables pour le coup). C ‘est souvent beaucoup moins caricatural. Vous avez par exemple des PH qui travaillent vraiment mais sont totalement éjectés de l’organigramme de leur service, ne font que des consults. Souci financier pour l’établissement car ils ne font pas rentrer autant qu’ils ne coûtent, mais bon…

La placardisation semble scandaleuse, mais quand les statuts sont verrouillés, c’est le seul moyen de neutraliser les gens ingérables qui font de la casse, surtout quand ils sont procéduriers. Ou inversement, de mettre au vert un PH dans le collimateur d’un chef cinglé, le temps que ce dernier soit atteint par la limite d’âge…

Comme d’autres ont dit, c’est une situation qui devient impossible à gérer une fois qu’elle est pérennisée, parce que justement le PH en question peut arguer qu’on l’a mis sur la touche pour se victimiser et faire annuler toute tentative de le virer. Or un CH préfère, et c’est heureux, avoir un poids mort, que de risquer de remettre dans le circuit un médecin dangereux.

Ce genre de phénomènes se voit dans tous les organismes publics et même (mais rarement) dans des groupes privés.

C’est pour cette raison qu’il faut impérativement garder une limite d’âge pour tous les “corps”, c’est le seul moyen de purger ce genre de situations et de libérer des postes.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : S. B.

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