MAIL  Les Généralistes CSMF  ///  Mardi 28 novembre 2017

UN DÉBAT DÉPASSÉ…

Depuis 50 ans, la médecine a fait des progrès spectaculaires tant sur le plan diagnostique que thérapeutique. Ceci permet à la population, non seulement de vivre plus longtemps en bonne santé, mais aussi de vivre plus vieux. Ainsi, le taux brut de mortalité s’est effondré et l’espérance de vie a augmenté de presque 60% en un siècle. Cette période a été marquée par l’explosion du nombre de spécialités médicales dont la médecine générale et même parfois d’une hyperspécialisation. Notre cardiologue d’il y a 20 ans est parfois devenu un rythmologue et même un spécialiste du faisceau de His.

Cette transition épidémiologique a fait émerger de nouvelles populations : des personnes handicapées vieillissantes, des personnes âgées avec des troubles cognitifs ou atteintes de plusieurs pathologies chroniques.

Les projections de l’INSEE montrent que, dans les 15 ans à venir, les plus de 65 ans représenteront 25% de la population de certaines régions et que le nombre de patients de plus de 90 ans va doubler.

Ces évolutions démographiques s’accompagnent d’évolutions sociétales avec le souhait de 80 à 90% des français qui souhaitent vieillir à domicile. Ainsi, l’âge moyen d’entrée en institution était de 85 ans en 2015 avec une élévation du degré de dépendance.

Toutes ces données expliquent le changement de paradigme qui caractérise cette décennie : la prise en charge d’une personne ne doit plus se limiter à la prise en charge d’une maladie « ou d’un organe », mais elle doit prendre en compte le patient dans sa globalité avec son environnement (familial, son travail, …), son éducation. Ainsi, sont nées les notions de parcours de soins, parcours de santé, parcours de vie qui placent le patient au cœur du parcours. Ce n’est plus au patient de s’adapter au parcours dicté par un professionnel de santé, mais aux différents professionnels concernés d’adapter le parcours au patient.

Tous, ou presque, institutionnels, professionnels de santé, ont fait le constat que notre système de santé n’était pas en adéquation avec ces évolutions majeures : des réponses davantage orientées vers l’aigu que vers le chronique, d’excellentes performances des acteurs mais un manque de coordination, une politique d’institutionnalisation forte, des modalités de financement peu incitatives.

Les médecins généralistes ont été les premiers à prendre conscience de ces nécessaires évolutions, aidés il est vrai par une évolution démographique qui ne leur laissait pas trop le choix. Ils ont pris conscience que le temps du médecin généraliste omnipotent qui faisait tout et tout seul était révolu et qu’il devenait nécessaire de s’engager sur la voie des pratiques avancées. S’il reste le réceptacle des avis spécialisés de ses confrères, l’enjeu majeur aujourd’hui pour lui est d’en faire la synthèse et de l’adapter au patient, mais aussi d’anticiper la perte d’autonomie responsable de dégradation des conditions de vie mais aussi d’hospitalisations évitables.

Ce n’est qu’en se réorganisant avec les autres professionnels de santé du premier recours autour de lui que le médecin généraliste peut mettre en place cette expertise devenue essentielle aujourd’hui aussi bien pour garantir à son patient une qualité de son parcours de santé que pour éviter les soins non pertinents. La coordination avec les autres médecins spécialistes, les établissements sanitaires et les acteurs des secteurs médicosocial et social est bien sûr indispensable.

La politique de santé, mise en œuvre par ce gouvernement, est basée sur le parcours de santé du patient pris en charge par des équipes de soins primaires constituées autour du médecin généraliste. Autour de ce premier cercle, qui est au plus proche du patient, doivent se constituer des communautés professionnelles territoriales de santé avec, entre autres, les autres médecins spécialistes. A moins de considérer que le patient se limite à une pathologie ou à un organe, l’heure n’est plus à discuter la place du médecin généraliste dans ce parcours. Il est urgent de se coordonner afin que chaque acteur, avec son expertise, améliore la qualité de ce parcours. C’est ce qu’attendent de nous les français.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président de Les Généralistes CSMF

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