DÉSERTS MÉDICAUX : ENFIN DU BON SENS

En plein cœur de l’été, la Commission des affaires sociales du Sénat a examiné le rapport des sénateurs Jean-Noël CARDOUX et Yves DAUDIGNY sur les mesures incitatives au développement de l’offre de soins primaires dans les zones sous-dotées.

Comment ne pas se féliciter de la qualité de ce travail alors que régulièrement des parlementaires de tout bord entendent de façon péremptoire régler ce problème en supprimant la liberté d’installation. Une telle lapalissade ne peut que servir un discours populiste car, là où elle a été tentée, elle a échoué. Les seuls médecins à en faire la promotion sont souvent ceux qui, en situation de surdensité médicale, aimeraient limiter la concurrence entre eux.

Le constat dressé est sombre pour les années à venir et affecte principalement l’exercice libéral et, en particulier, la médecine générale. Au-delà de l’évolution du nombre de médecins, c’est avant tout l’augmentation de la demande soins, liée à l’accroissement de la population et à son vieillissement, qui risque de créer une fracture sanitaire d’autant que les évolutions des manières de travailler font qu’il faut 1.5 voire 2 nouveaux médecins, pour remplacer un départ en retraite.

Comme Les Généralistes-CSMF, les deux sénateurs demandent qu’une étude soit enfin réalisée pour évaluer l’ensemble des aides existantes, et elles sont nombreuses, pour comprendre pourquoi l’association de certaines d’entre elles ont permis à certains territoires d’être attractifs pour de jeunes médecins généralistes pendant que d’autres échouaient.

Ces aides sont en effet multiples et leur association telles les pièces d’un puzzle, si elles sont complémentaires et concernent aussi bien les jeunes installés que leurs confrères, sont à l’origine de projets garantissant un accès aux soins de premier recours. A l’inverse, des aides juxtaposées sans lien entre elles n’attirent pas les médecins.

Les éléments nécessaires de ce puzzle, mais non suffisants, sont une permanence de soins ambulatoires bien organisée, un nombre important de médecins maîtres de stage universitaire, le statut d’assistant libéral qui est plébiscité par les jeunes, des organisations pluri-professionnelles type maisons de santé pluridisciplinaires, le samedi matin intégré aux horaires de permanence de soins.

Les 19 mesures proposées par les deux sénateurs concernent les remplaçants, les jeunes médecins avec des statuts intermédiaires avant l’installation et une meilleure protection sociale, mais aussi les futurs retraités pour favoriser le cumul emploi retraite qui est aujourd’hui peu attractif car il nécessite de conserver une activité importante. La suppression de la cotisation CARMF pour ces médecins aurait un effet immédiat sur la démographie médicale.

Au-delà de ces propositions, ce gouvernement doit prendre rapidement des mesures législatives et conventionnelles pour rendre la médecine générale plus attractive. Un quart des généralistes en moins entre 2007 et 2025 : il faut arrêter l’hémorragie.

Là aussi, les mesures doivent s’attacher à favoriser les regroupements et faciliter l’exercice coordonné en permettant le financement de secrétaires, d’infirmières assistantes et cliniciennes. Les types de rémunérations doivent évoluer afin de mieux prendre en compte les prises en charge complexes liées au grand âge et aux patients polypathologiques. Enfin, améliorer les conditions d’exercice, c’est aussi bien garantir à un médecin exerçant en zone sous dotée de pouvoir trouver, si besoin, un remplaçant que d’inclure le samedi matin dans la permanence de soins.

Depuis 15 ans, chacun est préoccupé par l’accès aux médecins généralistes dans certains territoires. Il est aussi urgent de s’intéresser, dans ces territoires, à d’autres spécialités médicales dont le manque se fait déjà cruellement sentir et rend très difficile l’exercice de la médecine générale.

Dr Luc DUQUESNEL,
Président de Les Généralistes CSMF

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