Missionné par les médecins qui ont voté pour choisir les questions, le Conseil national de l’Ordre des médecins a interrogé les candidats à la magistrature suprême. Benoît Hamon, Emmanuel Macron, François Fillon, Nicolas Dupont Aignan et Marine Le Pen se sont prêtés au jeu et y ont répondu. Nous en publions de large extraits ainsi que les vidéos reprenant l’intégralité de leurs réponses.

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Benoît Hamon : “Je ne remettrai pas en cause le tiers payant généralisé”

Quelle est votre vision pour l’avenir de notre système de santé ?

Benoît Hamon : La priorité consiste à prendre le tournant des maladies chroniques, à concevoir aujourd’hui notre système de santé de façon à ce qu’il puisse réduire les risques, à ce qu’il puisse mieux prévenir les comportements à risque de chaque individu (…). Mais c’est aussi la façon, dont par une politique énergique de protection de l’environnement, on évite les pollutions atmosphériques, la diffusion des perturbateurs endocriniens, qui expliquent l’essor des maladies chroniques.  La deuxième chose, c’est l’accès aux soins, le même pour tous.

Quelles mesures concrètes proposez-vous pour redonner du temps médical à tous les médecins ?

Faciliter les emplois administratifs qui viennent accompagner les médecins, faciliter la mutualisation de ces moyens-là, et notamment à travers les maisons pluridisciplinaires de santé, qui doivent être largement développées. Moi, j’ai pris des engagements pour qu’il y ait 1500 maisons de santé pluridisciplinaires qui soient créées partout sur le territoire. (…) Plus généralement, je crois que l’attractivité du métier de médecin, elle dépend aussi de la façon dont on permet aux médecins, quand ils s’installent, de pouvoir bénéficier d’un écosystème favorable (…). Ça peut consister tout simplement à leur faciliter l’installation, mais aussi à faciliter l’emploi du conjoint, les modes de garde pour les enfants.

Quelles propositions formulez-vous pour rendre le métier de médecin attractif, valoriser la profession, et garantir les compétences des médecins tout au long de la vie ?

II faut engager un dialogue permanant entre les professionnels de santé et le gouvernement sur les politiques de santé et tout ce qui concerne le quotidien des médecins. (…) Il faut, pour ce qui relève du tiers-payant généralisé, qui est plébiscité par les patients, moins par les médecins – je le sais- faire en sorte qu’aujourd’hui, sur ce qui relève du régime obligatoire et du régime complémentaire, la tâche leur soit considérablement facilitée de façon à ce qu’il n’y ait pas de doute sur le fait qu’ils soient bien payés en temps et en heure. (…) Je souhaite aussi qu’on développe un paiement forfaitaire, qui correspond aujourd’hui à la nécessité de faire face à l’évolution et à la montée en puissance des maladies chroniques, qui suppose de faire monter en puissance les tâches des médecins en matière de prévention.

Que comptez-vous faire pour remédier à la problématique des déserts médicaux ?

[Une] mission nationale d’accès au soin recensera les déserts médicaux là où ils sont, en milieu rural, mais aussi à quelques kilomètres d’ici, en banlieue parisienne, ils sont nombreux. (…) Il faudra renforcer les dispositifs incitatifs, à partir du bon recensement des besoins. Symétriquement, je pense que les médecins qui veulent s’installer en zone sur-dotée – je le dis et ça ne fera pas plaisir- je pense que là, il faut désinciter les médecins à le faire. C’est pour cela que je proposerai qu’ils ne puissent pas être conventionnés quand ils s’installent dans des zones sur-dotées.

Comment remédier à la saturation permanente actuelle des services d’urgences ?

Je veux qu’il puisse y avoir une permanence des soins qui soit organisée à côté des urgences, avec des médecins généralistes, sous la forme de lieux ouverts, avec des amplitudes horaires importantes, de lieux adossés à l’hôpital, de façon à réorienter celles et ceux qui vont aux urgences.  (…) Il faudra penser demain l’évolution du financement de l’hôpital en fonction de la prise en charge d’un certain nombre de maladies, dont les maladies chroniques, et c’est pourquoi je redis que je mettrai sur la table la question du financement de l’hôpital et de la diminution de la part de ce financement liée à la T2A.

Que comptez-vous faire pour promouvoir l’exercice de la médecine libérale dans les territoires ?

Faciliter l’installation des médecins, multiplier les maisons de santé pluridisciplinaires, c’est-à-dire la possibilité pour les médecins de pouvoir exercer librement leur activité, continuer à réfléchir aujourd’hui avec les médecins sur leur rémunération. (…) Il faut qu’on arrête, les uns et les autres, d’opposer un certain type de médecine, la médecine libérale, à une autre médecine, soi-disant plus noble. Je crois qu’on a absolument besoin aujourd’hui de la médecine libérale en France, personne n’en doute.

Le tiers payant généralisé obligatoire a été très largement rejeté par les médecins. Le maintiendrez-vous ?

Oui, je l’ai dit parce qu’il est plébiscité par les patients, et que dans certaines professions, kiné, et même dans certains métiers, la chirurgie, les radiologues, on demande même son extension. Donc il y a des difficultés pour le mettre en œuvre. (…) Moi je propose qu’on simplifie cela, mais je ne remettrai pas en cause le tiers payant généralisé, j’y suis attaché.

Pour conclure, quels engagements souhaitez-vous prendre devant la profession médicale ?

Puisque les maladies chroniques ont pris une importance forte, la question de l’activité physique est désormais tout à fait importante (…). Je proposerai que cette activité physique, quand elle est prescrite par les médecins, puisse être remboursée par la sécurité sociale. (…) Je mettrai d’ailleurs en œuvre un grand plan « sport santé » dans les entreprises, à l’école, dans les administrations, dans les maisons de retraite, au cœur même des hôpitaux.

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Emmanuel Macron : “On ne réussit jamais une bonne transformation du système de santé contre les professionnels”

Quelle est votre vision pour l’avenir de notre système de santé ?

Emmanuel Macron : (…) D’abord, renforcer la prévention. C’est pour moi l’un des fils rouges de la politique que je souhaite que nous conduisions, à la fois dans la valorisation de certains actes médicaux, dans la réorganisation de notre système de soins (…). C’est d’ailleurs pour ça que j’ai prévu, entre autres, d’avoir ce trimestre de prévention qui soit fait par nos étudiants dans les professions de santé. Ensuite c’est la lutte contre les inégalités de santé, qu’elles soient territoriales ou qu’elles soient sociales. L’accès aux soins de tous et partout est une nécessité. (…)

Quelles mesures concrètes proposez-vous pour redonner du temps médical à tous les médecins ?

Il y a en effet sur ce sujet, une nécessité de mieux répartir les temps, à la fois le temps médical, mais aussi le sujet des compétences. (…) Je souhaite que d’abord on puisse rémunérer certaines tâches administratives qui font partie de ce qu’est l’accompagnement du patient, de ce qu’est aussi la vie du médecin. Je souhaite également que l’on facilite la vie des professionnels de santé en la matière en dégageant leur temps pour ce faire. C’est l’objectif à la fois des maisons pluridisciplinaires de santé, d’une meilleure organisation de l’hôpital, qui est de décharger les médecins de ces tâches indues. (…) Je crois que l’optimisation du parcours de soins, que ce soit dans la médecine libérale ou à l’hôpital est absolument décisif. (…) Enfin le numérique est pour moi également un axe d’une plus grande efficacité. Parce qu’il va permettre de libérer là aussi du temps médical, libérer du temps utile de médecins, en déléguant certaines tâches au numérique et en facilitant la vie. (…)

Quelles propositions formulez-vous pour rendre le métier de médecin attractif, valoriser la profession et garantir les compétences tout au long de la vie ?

Sur ce sujet, je pense qu’aujourd’hui les jeunes professionnels souhaitent exercer différemment la médecine. Je ne crois pas que l’on réussira à rendre plus attractif telle ou telle profession ou telle ou telle région en contraignant les jeunes médecins à venir s’installer sur un territoire ou à venir dans telles ou telles spécialités. Je crois par contre que l’on a besoin d’avoir une revalorisation des actes médicaux qui soit aujourd’hui plus complète. (…)  A la fois pour les médecins libéraux comme pour l’hôpital, je souhaite que l’on sorte de la tarification à l’activité. Elle ne doit représenter que 50% maximum de la tarification de l’hôpital. Je souhaite que l’on prenne d’avantage en compte justement les actes de prévention, la réalité du quotidien (…) plutôt qu’une tarification à l’acte (…). Je souhaite donc que l’on revoit en profondeur la logique de rémunération de nos professionnels de santé pour permettre une plus grande attractivité. (…)

Que comptez-vous faire pour remédier à la problématique des déserts médicaux ?

(…)  La première réponse, ce sont les maisons de santé. C’est pourquoi je prends l’engagement, dans le quinquennat qui vient, de doubler le nombre de maisons de santé, de les passer à 2000. (…) Le développement de celles-ci [sera] accompagné d’une politique volontariste de l’État et des collectivités territoriales pour attirer, par des bourses, par des aides et par des aides aussi au travail des conjoints des médecins, qu’il ne faut pas négliger, pour venir s’installer dans les zones aujourd’hui qui sont les plus délaissées par les professionnels.

Comment remédier à la saturation permanente actuelle des services d’urgences ?

Pour répondre au défi des urgences en France, il faut d’abord réussir partout à installer une offre de soins qui ne soit pas simplement l’hôpital. (…) Donc la première réponse, c’est l’organisation d’un système de soins, qui doit être supervisé au niveau régional, où l’on s’assure qu’il y ait la possibilité d’avoir recours à un médecin généraliste ou un spécialiste dans les meilleurs délais (…) Ensuite, le deuxième point, c’est que l’organisation de l’hôpital doit également changer. (…) Enfin, si l’on veut désengorger les urgences, il faut également pouvoir gérer l’aval, la sortie la plus rapide possible des urgences, ce qui impose parfois d’avoir davantage de centres de suivi médical, de centres de suite, parce qu’on a encore trop souvent dans les urgences ou dans d’autres services médicaux de l’hôpital, des patients qui restent, parce qu’il n’y a pas de solutions à domicile (…).

Que comptez-vous faire pour promouvoir l’exercice de la médecine libérale dans les territoires ?

(…) Aujourd’hui, les professionnels de santé, les médecins libéraux, n’ont plus envie, sur le territoire, de travailler comme il y a dix, quinze ou vingt ans. (…) C’est pour ça que je crois d’une part au développement des maisons de santé pluridisciplinaires et d’autre part aux liens beaucoup plus forts entre l’hôpital et le secteur de la médecine de ville. On doit pouvoir, dans les centres hospitaliers périphériques, réaménager les locaux pour permettre à des professionnels libéraux de venir s’installer dans l’enceinte de l’hôpital ou à proximité, pour travailler avec les plateaux techniques. (…)

Le tiers-payant généralisé obligatoire a été très largement rejeté par les médecins. Le maintiendrez-vous ?

C’est une réforme qui, aujourd’hui, est face à un contraste. Les professionnels de santé, vous l’avez dit, l’ont beaucoup rejeté. Nos concitoyens la plébiscitent. J’y répondrai d’une manière très pragmatique, d’abord par l’évaluation. (…) Je veux évaluer pour regarder quelles sont les contraintes réelles sur les professionnels de santé, quelle est la déresponsabilisation à laquelle cela peut conduire, en quoi cela a permis de répondre à des problèmes de reste à charge éventuels. (…) Ce que je ferai, pendant que l’on conduit cette évaluation, c’est que je transformerai ce qui est aujourd’hui le tiers payant généralisé en un tiers payant généralisable. Je crois que dans une première phase de développement, c’est le volontariat qui doit être privilégié (…).

Pour conclure, quel engagement souhaitez-vous prendre devant la profession médicale ?

(…) Je veux faire de la santé un axe privilégié. Je veux, en même temps, que nous ayons une organisation des soins beaucoup plus efficace, plus volontariste, qui permette de mieux rémunérer les professionnels, de répondre à nos besoins de santé, au vieillissement de la population, aux maladies chroniques, qui permette de mieux couvrir les soins essentiels qui ne le sont pas aujourd’hui, je pense à l’optique, au dentaire ou à l’auditif, et mieux prévenir. (…) Pour cela, il faut des objectifs partagés, on ne réussit jamais une bonne transformation du système de santé contre les professionnels de santé. (..)

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François Fillon : “Je veux rompre avec la défiance qui a caractérisé ce quinquennat par rapport aux médecins libéraux”

Quelle est votre vision pour l’avenir de notre système de santé ?

François Fillon : (…) Je veux plus de liberté et plus de responsabilité. On a un système de santé qui est remarquable, qui est un des meilleurs au monde mais il craque sous le poids des réglementations, sous le poids des normes, sous le poids des contrôles et de la bureaucratie.  Un, je veux que le médecin libéral et en particulier le médecin généraliste redevienne le cœur du système et le pivot du parcours de soin. Deux, je veux plus d’équilibre entre le secteur privé et le secteur public, entre les hôpitaux et l’offre de soin privée.  Trois, je veux des hôpitaux autonomes. (…)

Quelles mesures concrètes proposez-vous pour redonner du temps médical à tous les médecins ?

Un médecin est là pour soigner, il n’est pas là pour remplir des papiers. La première condition est de réduire le nombre d’obligations administratives qui pèsent sur les médecins. (..) Je veux revoir les Agences Régionales de Santé (ARS). Je veux transformer l’organisation de notre système de santé à travers le numérique et le digital, qui doivent permettre d’éviter beaucoup de tâches administratives. Je veux réduire les demandes de renseignement fiscaux sur la comptabilité des médecins libéraux qui sont totalement redondants par rapport aux autres dispositifs d’information. Enfin, je veux développer les Maisons de santé qui permettent une mutualisation de la prise en charge des tâches administratives.

Quelles propositions formulez-vous pour rendre le métier de médecin attractif, valoriser la profession et garantir les compétences des médecins tout au long de la vie ?

(…) Les médecins doivent être justement rémunérés. (…) Or, pour des raisons qui tiennent à la gestion trop peu centralisée, trop étatisée de notre système, on a comprimé les rémunérations des médecins pour essayer de réduire la dépense médicale, cela ne peut plus durer. Cela veut dire qu’il faut que l’acte soit revalorisé de façon régulière, mais cela veut dire aussi que les médecins doivent être rémunérés pour toutes les tâches qu’ils accomplissent au-delà des actes médicaux, en matière de parcours de soin, en matière de santé publique. (…) La formation doit rester du meilleur niveau. C’est la raison pour laquelle je ne souhaite pas la disparition du numerus clausus. (…) C’est un gage de qualité. Enfin, à l’hôpital, je veux que l’on revalorise les carrières. (…) Je veux augmenter le temps de travail globalement dans la fonction publique, et je pense que tous les fonctionnaires ont intérêt à cette augmentation du temps de travail parce que la technique qui consiste à recruter en permanence – alors que nous ne pouvons pas assumer les charges financières – aboutit à un gel des salaires. On ne peut pas continuer à geler les salaires à des personnels qui ont autant de dévouement, autant de responsabilités, autant de compétences.

Que comptez-vous faire pour remédier à la problématique des déserts médicaux ?

(…) La première des conditions, c’est évidemment d’avoir un numerus clausus régionalisé et adapté aux besoins des territoires. La deuxième condition, c’est d’aider et d’inciter les médecins à venir dans les territoires les plus défavorisés. Je veux mettre en place des aides spécifiques, plus fortes que celles d’aujourd’hui, des dégrèvements d’USSARF, des honoraires plus importants, revalorisés. La troisième condition, c’est la possibilité pour les médecins de travailler ensemble, dans des maisons médicales, dans des structures de petite urgence mais dans des structures dont ils sont les maîtres, et dans des structures qu’ils conçoivent eux-mêmes et qui ne sont pas définies par des normes (…). De la Liberté ! (…)

Comment remédier à la saturation actuelle des services d’urgences ?

La première chose qu’il faut faire, c’est mettre en place un maillage du territoire avec des structures d’accueil pour les petites urgences. La deuxième chose qui est fondamentale, c’est de donner plus de moyens financiers et techniques à la régulation des urgences.  La troisième chose, il faut pouvoir associer les médecins généralistes, les médecins libéraux à la gestion des urgences. Il y a plusieurs manières de le faire, j’en propose simplement une comme exemple, la possibilité de rémunérer les consultations téléphoniques qui permettent déjà de faire une forme de régulation. (…)

Que comptez-vous faire pour promouvoir l’exercice de la médecine libérale dans les territoires ?

La médecine libérale, c’est pour moi le pilier de notre système de santé et ce que je veux d’abord, c’est rompre avec la défiance qui a caractérisé ce quinquennat par rapport aux médecins libéraux. (…) Je veux baisser les charges qui pèsent sur les médecins pour que leurs revenus disponibles soient plus importants. (…) Je veux maintenir à tout prix la liberté de choix des médecins dans leur manière d’exercer leur activité et en particulier dans la manière dont ils s’associent, je l’ai évoqué pour les maisons de santé. Enfin, il y a une question qui est pour moi absolument fondamentale, c’est de défendre envers et contre tout la liberté du patient de choisir son médecin.

Le tiers payant généralisé a été très largement rejeté par les médecins. Le maintiendrez-vous ? Pourquoi ?

(…) Je le supprime pour deux raisons, d’abord parce que ce n’est pas aux médecins de gérer de manière administrative ce qui doit être fait par la sécurité sociale, par les organismes qui sont chargés du remboursement. Mais il y a une deuxième raison qui est encore plus profonde pour moi c’est que, je pense que notre système de santé (…) on le finance si on responsabilise les patients, on le finance si on lutte contre les abus, si on lutte contre les dérives. (…)

Pour conclure, quels engagements souhaitez-vous prendre devant la profession médicale ?

Mon engagement est simple, je veux qu’on passe de l’autoritarisme à la confiance. Je veux qu’on passe de la contrainte au contrat. (…)  Chacun doit rester à sa place. Les médecins sont formés pour soigner les malades. Il faut leur faire confiance.

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Nicolas Dupont Aignan : “Je veux un médecin de campagne comme ministre de la Santé”

Quelle est votre vision pour l’avenir du notre système de santé ? 

Nicolas Dupont Aignan : (…) Au nom de la bonne gestion comptable, on a créé la pénurie de soins. (…) Je veux revenir sur les bases : bien soigner les Français, savoir qu’il faut dépenser l’argent qu’il faut pour cela et veiller à ce que cela soit un système juste.

Quelles mesures concrètes proposez-vous pour redonner du temps médical à tous les médecins ?

(…) Il ne faut pas transformer le médecin en un bureaucrate, c’est très important. Il faut ensuite permettre des délégations de compétences au profit des médecins, les médecins ont besoin de se faire aider. (…) Et puis il faut aussi, ne l’oublions jamais, assurer la sécurité de nos médecins, cela participe d’une volonté essentielle.

Quelles propositions formulez-vous pour rendre le métier de médecin attractif, valoriser la profession et garantir leurs compétences tout au long de la vie ? 

(…) J’ai la volonté d’augmenter le prix de la consultation, le tarif de la consultation, à 35 euros. Cela représente une

somme importante, oui, 2,5 milliards. Mais c’est la seule solution. (…) Je souhaite aussi augmenter le numerus clausus à 10 000. (…) Je voudrais aussi qu’on améliore la couverture santé, pour le coup, la couverture sociale des praticiens, qu’on améliore le mode de fonctionnement des maisons de santé. (…)

Que comptez-vous faire pour remédier à la problématique des déserts médicaux ? 

(…) Je ne crois pas à l’obligation. (…) Je propose une mesure assez radicale qui est la suppression de toutes charges sociales pour les médecins qui accepteraient de s’installer dans une zone sous-densifiée, avec un contrat de cinq ans. Et je pense que les jeunes médecins pourraient trouver là un complément de revenu non-négligeable. (…) [Il faut] permettre aussi des consultations de médecins par temps partiels, une journée ou deux dans certaines villes ou certaines zones rurales. Certains départements ont tenté les camions mobiles de santé (…) [Il faut] mettre fin à cette dilution de la décentralisation et rétablir une vraie politique d’aménagement du territoire dans notre pays.

Comment remédier à la saturation permanente actuelle des services d’urgences ? 

(…) Si on ne change pas les cadres du ministère de la Santé, et si on n’a pas des ministres à poigne qui écoutent vraiment les français et les médecins, les professions de santé, infirmières et aides-soignantes, on n’y arrivera jamais. (…) Si on veut régler le problème des urgences il faut reconstruire la médecine de proximité, (…) et il faut aussi revoir le fonctionnement entre la médecine de proximité et l’hôpital.

Que comptez-vous faire pour promouvoir l’exercice de la médecine libérale dans les territoires ? 

Un numerus clausus plus important. Ensuite une rémunération plus digne pour les médecins (…) Parallèlement, il est évident que la fin de la bureaucratisation, (…) permettrait d’améliorer les choses.

Le tiers-payant généralisé obligatoire a été très largement rejeté par les médecins. Le maintiendrez-vous ? Pourquoi ? 

Non, je ne le maintiendrai pas. Il n’a aucun sens. Il doit être sur la base du volontariat si tant est qu’il soit utile. (…)

Pour conclure, quels engagements souhaitez-vous prendre devant la profession médicale ? 

Le premier engagement c’est de revoir le fonctionnement du ministère de la Santé. C’est d’avoir un ministre de la Santé qui sait de quoi il parle. L’idéal ce serait de prendre un médecin de campagne, un bon, et il y’en a. (…) Le deuxième engagement que je prends c’est d’écouter la base. (…) Le troisième point fondamental c’est que je m’engage à ce que l’ONDAM, pour ceux qui connaissent, augmente davantage, entre 2,5% et 3 par an. (…) Tous les candidats, la plupart, prennent à l’envers le problème. Ils vous disent on va rationner encore. (…) Mais ils ne se posent pas la question de savoir comment on crée de la richesse dans notre pays pour porter les dépenses. (…)

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Marine Le Pen : “Je veux lutter contre les revendications communautaristes”

Quelle est votre vision pour l’avenir de notre système de santé ?

Marine Le Pen : Nous avons deux défis majeurs : c’est le vieillissement de la population et l’explosion des pathologies chroniques.  (…) Je crois beaucoup à la modernisation, en s’appuyant sur l’innovation (…) Pour ça, il faut revaloriser la recherche scientifique et médicale, et notamment revaloriser le budget public de la recherche que je veux monter, que je veux revaloriser de 30%. (…) Enfin, je crois que l’avenir est aussi à la prévention.

Quelles mesures concrètes proposez-vous pour redonner du temps médical à tous les médecins ?

(…) D’abord supprimer le caractère obligatoire du tiers payant généralisé. (…) Deuxièmement, permettre aux cabinets d’embaucher du personnel médico-administratif, et notamment par l’intermédiaire d’incitations fiscales.

Quelles propositions formulez-vous pour rendre le métier de médecin attractif, valoriser la profession, et garantir les compétences des médecins tout au long de la vie ?

Il y a 60 000 candidats par an qui souhaitent devenir médecin. Ça, c’est déjà une bonne nouvelle. (…) Une chose, c’est évidemment réfléchir au tarif de la consultation, parce que c’est ça, une des grandes réclamations des médecins. (…) Deuxièmement, il y a un problème de sécurité. Il y a de plus en plus de médecins qui sont confrontés à des actes d’agressions, ce qui rend évidemment la profession beaucoup moins attractive.

Que comptez-vous faire pour remédier à la problématique des déserts médicaux ?

D’abord, pardon, mais augmenter le numerus clausus, ça aurait dû être fait il y a déjà une quinzaine d’années. (…) On continue à enserrer ce numerus clausus, et à aller chercher des médecins à l’étranger, dont on espère qu’on va les payer moins cher. (…)  Moi je suis pour qu’on mette en place un stage d’internat de 6 mois, en demandant bien entendu à ces internes d’exercer pendant ces 6 mois dans une zone sous-dense. (…)

Comment remédier à la saturation permanente actuelle des services d’urgences ?

Je vais parler du poids considérable que représente l’immigration et sa prise en charge, et notamment l’aide médicale d’Etat, dans la surcharge que vivent aujourd’hui notamment les urgences des hôpitaux. C’est un fait, et donc moi j’assume très clairement le choix de supprimer l’aide médicale d’Etat, et même de mettre en place un délai de carence pour les étrangers qui viendraient en France, et qui durant deux ans verraient s’appliquer ce délai de carence.

Que comptez-vous faire pour promouvoir l’exercice de la médecine libérale dans les territoires ?

(…) L’exercice de groupe, je crois, peut permettre de préserver l’exercice libéral. Il faut aussi développer la prise en charge ambulatoire, parce qu’aujourd’hui on sait que c’est une piste, mais tout n’est pas fait pour ce développement.

Le tiers payant généralisé obligatoire a été très largement rejeté par les médecins. Le maintiendrez-vous ? Pourquoi ?

Le plus simple m’apparaît être que la prise en charge soit décidée par le médecin, voilà. (…)

Pour conclure, quels engagements souhaitez-vous prendre devant la profession médicale ?

D’abord améliorer les conditions d’exercice de la profession (…) Encore une fois, revoir les tarifications, pour que les médecins soient rétribués à la hauteur de ce qu’ils apportent dans notre qualité de vie. Travailler sur leur sécurité, parce que je crois que ces problématiques de sécurité personne n’ose trop en parler, mais pourtant elles sont de plus en plus importantes. (…) Lutter également contre les revendications communautaristes auxquels ils sont eux aussi confrontés de manière régulière, et le nombre de plaintes ne cesse d’augmenter dans l’indifférence générale des pouvoirs publics.

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Source :
www.egora.fr
Auteurs : Egora

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