UNOF-CSMF MAIL /// Jeudi 25 septembre 2014


LE GRAND MALENTENDU

La 20ème Université de la CSMF aura été le théâtre d’un scénario prévisible où les médecins libéraux et la Ministre de la Santé auront montré des lectures diamétralement opposées d’un même texte : l’avant-projet de la loi de santé.

Les deux, en toute sincérité, partagent la même vision sur l’évolution des besoins de santé liée au vieillissement de la population, aux patients atteints de pathologies chroniques et la nécessité de mettre fin à un modèle hospitalocentré en permettant aux professionnels de santé libéraux, autour du médecin traitant, de les prendre en charge à domicile.

Pourquoi les médecins libéraux sont-ils persuadés que la loi aboutira aux objectifs inverses de ceux que s’est fixée la Ministre, c’est-à-dire à une loi liberticide pour la médecine libérale ?

Au moins quatre raisons à cela :

Tout d’abord, la méthodologie employée par la Ministre qui a confondu concertation et explication de texte. Depuis 3 mois, nous avons multiplié les réunions avec la Ministre et son cabinet : aucune ligne, aucune virgule n’a changé, nous rappelant là la genèse de la Loi HPST où le dogme l’avait déjà emporté sur la raison !

Ensuite, l’absence totale de financement pour mettre en œuvre cette loi fait qu’elle semble uniquement au service de l’idéologie.

Ce gouvernement ne considère la santé que comme la variable d’ajustement du déficit budgétaire de l’Etat. Il y a 10 jours, sitôt après avoir annoncé deux milliards d’euros de déficit supplémentaire, le Ministre des Finances s’est empressé de rassurer les français en disant que cette somme serait prise sur le budget de la santé.

Comment pouvoir imaginer le déploiement d’une nouvelle loi sans aucun moyen pour la financer ?

Décidemment, la santé n’est pas la priorité de ce gouvernement.

La troisième raison est l’absence de courage politique à affronter le véritable problème de notre système de santé : le tout hôpital et ses coûts dispendieux.

Le nombre de lits pour 100 000 habitants est le plus élevé d’Europe ! Beaucoup d’établissements sont déficitaires malgré les fréquents renflouages dont ils bénéficient. Chacun le sait, on ne peut pas politiquement toucher à l’hôpital, alors on laisse filer…

Et, une fois de plus, les économies seront réalisées aux dépens de la médecine libérale.

La dernière raison responsable du divorce qui s’installe entre la Ministre de la Santé et les médecins libéraux est l’absence de conscience de la situation où se trouvent aujourd’hui la médecine libérale et tout particulièrement la médecine générale libérale.

Les médecins généralistes se sentent méprisés à l’heure où leur quotidien est fait de consultations de plus en plus complexes pour une rémunération qui devient désuète comparée aux coûts des services aujourd’hui dans notre pays.

La médecine générale est malade et les remèdes apportés par cette loi ne vont non seulement pas la soigner, mais ils vont aggravés son état.

Nous ne voulons pas transformer nos cabinets médicaux en services d’urgence par la mise en place d’un tiers-payant généralisé obligatoire où la population est déresponsabilisée dans l’utilisation du système de soins et où la seule régulation est liée à la longueur de la file d’attente.

Si le Premier Ministre a annoncé lors de son discours à l’assemblée nationale que le tiers-payant obligatoire ne couterait rien à l’Etat, les médecins généralistes ont bien compris qu’ils devront en assumer le coût administratif, environ 3,50 € par acte, et cela alors que 60% d’entre eux n’ont pas de secrétariat physique.

Alors que nous demandons des moyens pour adapter nos organisations professionnelles aux besoins de santé de la population, la future loi met en place un carcan, « le service territorial de santé au public », sous l’autorité des ARS et où nous serons sous le joug des centres hospitaliers.

Ajoutez-y, en dehors de cette loi, le harcèlement mené par l’assurance maladie dans toutes les CPAM de France contre des médecins considérés comme de « gros prescripteurs » d’arrêts de travail, le risque de retour à une permanence de soins obligatoire, l’annonce faite que la prochaine revalorisation de la consultation n’interviendrait pas avant la prochaine convention, c’est-à-dire en 2016/2017, et vous aurez compris que la médecine générale libérale est en danger.

Pour couronner le tout, comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement a décidé de s’attaquer aux professions libérales réglementées dont font partie les médecins généralistes. Permettre à des investisseurs comme les Hypermarchés Leclerc de salarier des médecins généralistes pour faire du business ne pourra que contribuer à déstabiliser l’offre de soins existante.

Le jour est venu d’agir et l’UNOF-CSMF appelle l’ensemble des médecins généralistes à fermer leurs cabinets médicaux le mardi 30 septembre.

C’est le début d’un combat que l’ensemble des médecins généralistes doivent mener.

D’autres actions suivront.

Seule notre détermination permettra que ce qui semble inexorable n’arrive pas et qu’enfin, comme en 2002, les médecins généralistes puissent retrouver leur dignité.
 

Dr Luc DUQUESNEL, Président UNOF-CSMF
Dr Béatrice FAZILLEAUD, Secrétaire Générale UNOF-CSMF

 

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