Chaque semaine sur Egora, retrouvez le portrait d’un candidat aux municipales

Thomas Golman est médecin généraliste installé à Ecquevilly, dans les Yvelines. A 55 ans, il a décidé, pour la première fois, de se présenter, sans étiquette politique, à la mairie de cette commune de 4 500 habitants. Un tout nouveau défi pour cet ancien urgentiste qui n’a pas l’habitude de garder sa langue dans sa poche. Il y a deux ans déjà, il menait la fronde des généralistes des Yvelines contre le directeur de la caisse d’Assurance Maladie.

 

Egora.fr : Vous êtes généraliste à Ecquevilly. Pouvez-vous décrire votre parcours ?

Thomas Golman : J’ai 55 ans. J’ai un cabinet à Ecquevilly depuis 7 ans. Avant, j’ai passé plus de 20 ans en milieu hospitalier. J’ai travaillé aux urgences de Mantes et aux urgences pédiatriques de Poissy. J’ai fondé SOS médecin à Mantes-la-Jolie. Je suis aussi médecin de l’évènementiel, je médicalise plusieurs événements sportifs. En 1998, j’ai été médecin de pelouse pour la Coupe du Monde. On m’a vu à la télé quand la France a gagné. J’ai fait trois ans de Samu hélico. J’ai travaillé par route, par mer, par terre pour Europe assistance. J’ai été dans tous les pays du monde. Tout cela nécessite une forme physique incroyable. J’ai eu besoin de me reposer un peu, et de laisser la place aux jeunes. Je me suis donc installé en libéral. Et cela me convient très bien.

 

Comment vous est venue cette envie de vous présenter aux municipales ?

C’est la toute première fois que je me présente. Ce sont des patients qui ont commencé à m’interpeller car ils étaient très mécontents de la politique actuelle de la ville. L’idée a fait son chemin, pendant un an… Et je me suis engagé dans cette candidature. Je n’y aurais jamais pensé avant. Mais j’ai compris que ces personnes, qui pour la plupart sont de plus en plus dans la précarité, avaient besoin qu’on les écoute. Ce que le maire précédent n’a jamais fait. On a donc réfléchi à un grand projet pour Ecquevilly. Aujourd’hui je suis très investi dans cette candidature.

 

Vous étiez déjà engagé politiquement ?

Politiquement, non. Je dirige une liste sans étiquette. Toutes les tendances sont représentées, sauf le Front National. Sur notre liste, il n’y a que des gens de la société civile. C’est une liste « black – blanc – beur », à l’image de notre commune.

 

On a entendu parler de vous, il y a quelques années, lorsque vous avez créé le collectif « Debout les généralistes ». De quoi s’agissait-il ?

Je voulais défendre des médecins qui étaient attaqués par le directeur de la Cpam des Yvelines. Il s’était mis en tête de torpiller tous les médecins qui travaillaient le samedi après-midi en facturant le tarif d’avant la loi HPST (hôpital, patient, santé et territoires) de 2009. Il avait envoyé des courriers à une quarantaine de confrères, en leur demandant de rembourser en moins d’un mois et sans possibilité d’appel, la différence entre le tarif de week-end et celui de semaine, comme l’imposait la loi. Un médecin s’est vu réclamer 31 000 €, un autre 8 000. J’ai donc proposé à ces praticiens de monter un collectif. J’ai alerté les médias en leur exposant ma vision en ce qui concerne la santé et le système des urgences en France. Je pense qu’on va dans le mur. Je suis très pessimiste à ce sujet.

 

C’est-à-dire ?

Le système se casse la gueule en permanence. J’ai travaillé en libéral et à l’hôpital pendant 20 ans, je vois les deux côtés. Le numerus clausus n’a jamais été réellement ouvert. Résultat, parmi les médecins qui sortent de la faculté, presque aucun ne prend la filière médecine générale. L’an dernier, dans les Yvelines, cinq médecins se sont installés. Cette année, il y en aura peut-être un, voire zéro. Mais ce seront 500 à 600 médecins qui vont prendre leur retraite dans les années qui viennent. C’est une catastrophe. Tout se casse la gueule, c’est dantesque. Médicalement parlant, nous sommes déjà largement en dessous des communes plus proches de Paris. Là, on rattrape la Creuse et l’Ardèche. Et ça va être un problème, avec un engorgement des urgences, qui vont imploser. Mais ça, tout le monde s’en fout !

 

Pensez-vous qu’un siège de maire pourrait vous permettre d’agir sur ces sujets. Ou du moins de faire entendre votre voix ?

Ce n’est pas le but. Je me présente dans une commune de 4500 habitants qui ont bien d’autres soucis. Nous avons une très grande cité HLM dans laquelle vivent un tiers de la population. Les gens comptent leurs sous, pour manger ou pour se soigner. Il n’y a pas de travail, les missions d’intérim sont rarissimes. Les cellules familiales s’écroulent. Le maire précédent n’a jamais montré un grand intérêt pour les jeunes ou les anciens de la commune. Nous voulons faire tout le contraire.

Notre programme est axé sur leur quotidien : le nettoyage des rues, la politique de la jeunesse. On va construire un city stade, ouvrir le gymnase aux jeunes. On va poursuivre la politique de surveillance par des caméras. On va installer des grands-frères dans la cité. Et puis on va créer une banque alimentaire, redonner vie au centre d’action sociale. On va aussi fleurir la commune. Lui donner un visage plus humain. J’ai le sentiment qu’on peut faire beaucoup mieux que le maire actuel.

 

Le fait d’être généraliste est-il un atout ?

Bien sûr. Nous ne sommes que deux généralistes dans la commune. Tout le monde me connait. C’est vrai qu’un médecin a toujours une longueur d’avance. Moi, je n’ai pas besoin de convaincre mes patients, ils savent ce que j’ai envie de défendre.

 

Continuerez-vous d’exercer si vous êtes élu ?

Oui, je garde mon cabinet. J’ai une liste de 27 noms. J’ai pris des gens qui pourront me seconder efficacement et sur qui je pourrai m’appuyer.

 

Envisagez-vous ces élections comme le début d’une carrière politique ?

On ne sait jamais. On verra le temps venu. Je ne me projette pas aussi loin pour l’instant.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Aline Brillu