En décembre dernier, l’organisation Médecins du monde lançait une vaste campagne de communication sur son arrivée prochaine en Auvergne. L’opération devait débuter en janvier 2013. Les humanitaires avaient pour objectif “d’apporter une aide aux populations, qui, pour des raisons financières, n’accèdent pas aux soins”. Huit mois plus tard, état des lieux…

 

“Nous devions commencer en janvier mais la mise en place du programme a mis plus de temps que prévu. Nous avons vu les premiers patients en mai et fait la réunion d’inauguration en juin” précise d’emblée le Dr Corty, directeur des missions France pour Médecins du Monde qui ne veut pas en dévoiler plus. “Il est trop tôt pour tirer des conclusions, nous ne voulons pas communiquer pour le moment” ajoute-t-il énigmatique.

 

Une seule patiente

Depuis trois mois, des humanitaires sont donc installés dans le village de St Eloy-les-Mines (Puy-de-Dôme). A l’origine du projet, le Dr Corty expliquait vouloir “apporter une aide aux populations, qui, pour des raisons financières, n’accèdent pas aux soins. Nous allons également recueillir des données médico-sociales afin d’en faire une analyse”. Un programme qui n’enchantait guère praticiens locaux et habitant de cette route des Combrailles.

“Le Dr Corty parle beaucoup à la presse, mais il n’a jamais mis les pieds ici et n’a même pas pris la peine de nous téléphoner. Il a une vision très parisienne de la campagne. C’est tout juste s’il ne nous voit pas avec de la paille sous les sabots ou en train de courir derrière le cochon pour pouvoir bouffer” s’indignait en décembre dernier le Dr Pierre Bernard, généraliste de Saint-Eloy-les Mines.

Huit mois plus tard, il n’a pas changé d’avis… “Ils avaient voulu venir, ils sont venus en faisant un simulacre d’étude. Depuis qu’ils sont là, ils ne se sont occupés que d’une seule personne’’ s’emporte-t-il. Les praticiens locaux auraient ainsi reçu un document pour leur indiquer la prise en charge par les humanitaires d’une patiente hollandaise. “Nous n’avions jamais vu cette femme. Elle était sur place depuis deux mois et demi. Quinze jours de plus et elle aurait été couverte de facto par la CMU” ajoute-t-il.

 

“Ici on a tout ce qu’il faut en terme médico-social”

Le médecin regrette surtout l’image que renvoie la venue de Médecins du monde sur sa région. Et il constate le même sentiment de la part de ses patients. “Ils n’aiment pas que la route des Combrailles soit comparée au Darfour” s’exaspère le Dr Bernard, “cela nous fait de la mauvaise pub”.

De son côté, Marie-Thérése Sikora, maire de Saint-Eloy-les-Mines a du mal à cacher son étonnement. “Je ne comprends pas, il y a tellement de choses à faire dans le monde… Nous ce qu’il nous faut c’est plutôt du travail et des entreprises qui ne ferment pas à cause de la crise” soupire-t-elle avant d’ajouter : “ici on a tout ce qu’il faut en terme médico-social, médecins, infirmiers, associations…” D’autant que la maire rappelle que les humanitaires “ne sont pas médecins, mais personnels administratifs”. Selon le Dr Bernard, ils seraient de temps en temps épaulés par des praticiens retraités.

 

Promesse de subvention de l’ARS

“A priori ils ne font pas de consultation, mais on ne sait pas vraiment ce qu’ils font” s’interroge le généraliste de Saint-Eloy-les-Mines. Si l’organisation refuse de communiquer, des bruits circulent dans ce “petit village où tout le monde se connaît”. Ainsi, les humanitaires auraient demandé de l’aide aux facteurs pour déceler les zones de pauvreté. La requête aurait été mal accueillie…

Mais alors que font-ils vraiment ? Quel est leur objectif ? “Ce qu’ils veulent c’est écrire un beau projet pour avoir une bonne note de l’ARS qui leur donnera des subventions” estime une source anonyme. Le Dr Corty ne nie pas. “Nous avons une promesse de subvention de l’ARS qui est en bonne voie”…

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin