Le président de la République François Hollande était en visite ce matin à la maison médicale dédiée aux soins palliatifs, Notre-Dame du Lac à Rueil-Malmaison, accompagné de Marisol Touraine, ministre des Affaires Sociales et de la Santé et de Michèle Delaunay, ministre déléguée auprès des Affaires sociales et de la Santé, chargée des Personnes âgées et de l’Autonomie.

 

Après avoir rencontré les soignants et les familles des patients, il s’est engagé à mettre en place dans les prochains mois une réflexion pour développer la diversité de l’offre de soins palliatifs en France. "C’est un devoir de solidarité", a-t-il soutenu. Il existe à ce jour en France environ 5 000 lits pour la prise en charge des patients en soins palliatifs, soit 20 fois plus qu’en 2001, "mais c’est encore insuffisant", a souligné François Hollande.  Et d’ajouter : "Il faut combler ce retard en tenant compte de la diversité du territoire."

 
"Matériaux de pensée"

Cette volonté d’améliorer l’accès aux soins palliatifs repose sur trois convictions : "Notre devoir d’épargner la souffrance à tous les malades, le besoin pour toute personne qui vit ses derniers jours d’être accompagnée jusqu’au dernier moment et la nécessité pour les aidants d’être aidés et soutenus dans l’épreuve."

François Hollande a également annoncé la création d’une mission de réflexion sur la fin de vie présidée par le Pr Didier Sicard, un ancien président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Ce dernier devra rendre un rapport sur la question avant le mois de décembre. "L’objectif de cette mission est de recueillir l’avis de la société sur la question plutôt que celui des experts", a fait savoir le Pr Sicard. Il a prévu de…[ pagebreak ]

mener quatre à cinq débats en régions afin "d’accumuler des matériaux de pensée" et "faire en sorte que les Français se saisissent de la question". Le président a par ailleurs annoncé que le CCNE sera saisi et délibérera dans le cadre de ces fonctions sur les propositions faites par la mission.

Le président de la République a par ailleurs demandé à Marisol Touraine de lancer une réflexion pour passer à “un système global de tarification afin que les prestations soient abordables pour toutes les familles”. Il souhaite désormais multiplier les formations pour que le personnel soignant puisse prendre en charge au mieux les patients en soins palliatifs. Il y a selon lui deux étapes à franchir : rendre systématique la formation des professionnels de santé, mais aussi développer le caractère pluridisciplinaire de la formation. François Hollande a estimé que "les soins palliatifs ne sont pas le monopole des médecins". Il souhaite aussi développer la recherche en soins palliatifs et a annoncé vouloir "veiller à ce que des financements soient dédiés".

 
"Autorités spirituelles"

Bien qu’il n’ait pas prononcé le mot euthanasie, le président s’est demandé s’il n’était pas temps d’“aller plus loin dans des cas exceptionnels, quand la douleur est irréversible et appelle un acte médical assumé”. “Poser cette question, c’est poser une perspective qui elle-même entraîne un débat.” “J’entends et je respecte les consciences et les voix venues notamment des autorités spirituelles qui affirment ce principe essentiel, respectable, selon lequel tout instant de vie mérite d’être vécu”,a-t-il ajouté.  Selon lui,“le débat mérite d’être engagé”et “doit se faire dans l’apaisement”. François Hollande a également défini le droit de chacun à mourir dans la dignité comme étant "un droit fondamental". Il a rappelé que la loi Léonetti du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie autorise toute personne malade à refuser des soins et donne le droit au médecin de ne pas entreprendre un traitement qui pourrait conduire à un acharnement thérapeutique.

La proposition 21 de son programme présidentiel avait relancé le débat sur la légalisation de l’euthanasie. Il s’était en effet engagé à ce que toutes “les personnes majeures en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable et qui ne peut être apaisée, puissent demander, dans des conditions précises et strictes, à béné?cier d’une assistance médicalisée pour terminer leur vie dans la dignité”.